Grippe : la vaccination délaissée par les Français ? Les difficultés de la campagne

Précoce et virulente, l'épidémie de grippe inquiète les autorités de santé. Cette année, la campagne de vaccination n'a pas encouragé les français à se faire vacciner. Pourquoi ?

© LP/Olivier Corsan

La grippe est de retour et fait déjà de nombreux malades dans certaines régions. On peut d’ores et déjà parler d’une épidémie saisonnière d’après Santé Publique France. Progressivement, le virus gagne du terrain et même si le nombre de cas n’est pas encore très élevé à l’échelle du pays, les autorités sanitaires s’inquiètent du démarrage précoce de l’épidémie. En outre, la campagne de vaccination contre la grippe a pris du retard. Ouvertes à tous les français depuis le 15 novembre, la vaccination ne semble pas faire l’unanimité. Vous souhaitez en savoir plus sur ce sujet ? Voici nos réponses à vos questions…

Actuellement, combien de français se sont fait vacciner contre la grippe ?

La campagne est lancée depuis plus d’un mois et les français tardent à se faire vacciner. L’année dernière à la même époque, 9.4 millions de doses avaient été distribuées. Aujourd’hui, on en compte seulement 7.5 millions. Cet écart représente une baisse de 20 %. Ces chiffres nous viennent de IQVIA, l’institut qui collecte les données auprès des pharmacies françaises. En outre, ces doses n’ont pas toutes été administrées. « Quatre millions de personnes sont vaccinées contre 5 millions à la même période de l’année dernière » a déclaré Dominique Martin, le médecin-conseil de la Caisse Nationale de l’assurance maladie.

Pourquoi ce retard ?

Si les français sont moins enclins à se faire vacciner contre la grippe, c’est en partie à cause de ces années Covid qui viennent de s’écouler. Les autorités de santé relèvent une certaine lassitude. Et celle-ci semble également toucher les personnes à risques. De plus, de nombreux français aimeraient profiter d’un double vaccin. Celui-ci protégerait à la fois du Covid et de la grippe. Mais pour le moment, il faut réaliser deux injections différentes pour être protégé contre ces deux virus. À savoir qu’elles peuvent être réalisées en même temps : une dans chaque bras.

Pour expliquer ce recul du nombre de personnes vaccinées, on évoque aussi la météo de ce début d’automne. Les températures sont restées clémentes et le soleil était de la partie. Les gens n’étaient donc pas dans un esprit d’anticipation. En outre, certains membres des autorités de santé estiment que les bons de vaccination dédiés aux personnes prioritaires sont envoyés trop tôt. S’il étaient transmis au début de la campagne, ils seraient utilisés immédiatement et non pas oubliés dans le fond d’un tiroir.

Doit-on s’inquiéter ?

Le ministre de la santé a parlé d’une épidémie de grippe d’ores et déjà virulente. Dans l’hémisphère sud, le virus a frappé fort ces derniers mois. D’après les autorités de santé, il faut s’attendre à une épidémie saisonnière plus violente qu’à l’accoutumée. Les personnes fragiles pourraient être très affectées d’autant que toutes n’ont pas été vaccinées. De plus, voilà plusieurs années que nous ne sommes quasiment plus exposés au virus de la grippe. Avec les gestes barrières, celui-ci n’était plus en mesure de faire des ravages sur notre territoire. Mais aujourd’hui, ces précautions ne sont plus d’actualité dans le quotidien des français.

Si les personnes en bonne santé n’ont pas à s’inquiéter, celles à risques ont donc tout intérêt à se faire vacciner contre la grippe. A l’hôpital, l’inquiétude est bien présente. « Il faut qu’on se prépare à accueillir un grand nombre de patients » a prévenu Arnaud Robinet, le président de la Fédération hospitalière de France.