Grippe : voici pourquoi les spécialistes lancent l’alerte pour cet hiver

La vaccination est de nouveau conseillée pour vous protéger cet hiver. Disponible à partir du 15 novembre. On vous explique pourquoi la situation peut être tendue.

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Les experts sont inquiets au sujet du virus de la grippe. Ils craignent un rebond d’épidémie de grippe pour cet hiver et évoquent le fait que les individus à risque sont devenus encore plus sensibles que les années précédentes. On vous fait le point en se basant sur les explications de l’infectiologue Vincent Enouf ainsi que le professeur de virologie Bruno Lina.

Épidémie de grippe : un hiver sous tension !

La crise sanitaire semble être derrière nous, mais pas pour tout le monde visiblement. En effet, on parle quand même de huitième vague de Covid dans l’hexagone. De plus, avec l’hiver qui approche, c’est le retour de l’habituelle campagne de vaccination contre la grippe saisonnière. En effet, les individus prioritaires auront la possibilité de se faire vacciner par un docteur, un infirmier, une sage-femme ou un pharmacien et de manière gratuite. Pour le moment, il y a eu peu de cas, mais il est impossible de savoir à l’avance l’ampleur de l’épidémie de grippe. Alors, il vaut mieux prévenir en vaccinant que guérir ?

La grippe est déjà présente dans l’hémisphère sud et commence seulement dans l’hémisphère nord. Selon les données, la période hivernale va être compliquée. Le professeur de virologie du CHU de Lyon, Bruno Lina et l’infectiologue Vincent Enouf évoquent un retour en force du virus. Après les tensions sur le carburant et l’énergie, va-t-on devoir faire face à une nouvelle épreuve ? Voici ce qu’ils ont expliqué aux journalistes de TF1info.

Nos défenses immunitaires ont-elles régressé ?

Pourtant, pendant la crise sanitaire de la Covid-19, la grippe avait quasi disparu de la planète. Après deux ans de « pause de grippe », les experts expliquent que notre terrain immunitaire a changé et qu’il est devenu plus sensible. En effet, le virus de la grippe n’a pas changé, mais nos défenses immunitaires si. « Intrinsèquement, il n’a pas acquis des facteurs de virulence qui le rendrait plus agressif que ses prédécesseurs. Simplement, étant donné qu’il a moins circulé au cours de deux derniers hivers, on observe un petit défaut d’immunité collective, ce qui va favoriser sa circulation », analyse le professeur en virologie. Ainsi, « les personnes à risque sont encore plus à risque cette année« , ajoute l’infectiologue.

Le directeur adjoint du Centre de référence des virus respiratoires de l’Institut Pasteur ajoute aussi : « contrairement à d’habitude, les personnes ne bénéficieront pas de la protection de ceux qui les entourent, ce qu’on appelle l’immunité de groupe ». Par ailleurs, l’isolement, les confinements, le port du masque, le lavage extrême des mains, ont eu aussi des conséquences négatives. En effet, cela aurait affaibli nos défenses immunitaires... « La réponse immunitaire face à un virus nécessite d’y être exposé, soit par un vaccin, soit une infection. En l’absence de stimulation, il y a un risque de défaut d’immunité et on s’expose alors à des formes graves, lorsqu’on est une personne à la santé fragile », explique le professeur Lina.

La vaccination encore plus conseillée pour cet hiver

Alors, pour les deux experts, la vaccination cette année est encore plus nécessaire que les hivers précédents pour éviter une épidémie de grippe. « On sait que le vaccin freine la transmission et peut-être même de manière plus efficace que le vaccin contre le SARS-COV-2, affirme Bruno Lina en se basant sur des chiffres concrets. « Nous avons réalisé une étude qui montre qu’à partir d’un taux de vaccination de 40% dans une équipe soignante, le nombre de cas de grippe observés chez les patients a été divisé par cinq. » De plus, il précise que le taux de vaccination chez le personnel soignant va être crucial. « Chez les médecins libéraux, on tourne en général autour de 70%. En revanche, du côté les aides soignantes en libérales, on est plutôt à 15% », informe le spécialise en virologie avec regret.

Une vaccination payante pour les personnes qui ne sont pas à risques

À noter dans vos agendas pour les personnes concernées : à partir du 15 novembre, vous pourrez vous faire vacciner gratuitement. Si vous n’êtes pas un cas à risque, vous devrez payer 10 euros. L’infectiologue Vincent Enouf pousse les individus qui ne sont pas à risque à se faire vacciner pour limiter la circulation. « En tant que personne en bonne santé, on rebooste notre système immunitaire. En se faisant vacciner, chacun ajoute un maillon pour former une chaîne de protection pour les personnes plus à risque qui nous entourent. »

Pour rappel, en dehors de l’épidémie de grippe possible, ce virus peut entraîner des complications et un état létal.

Une épidémie de grippe qui peut tuer

Selon les chiffres, une épidémie de grippe peut tuer entre 8 000 et 10 000 français chaque année. « Le plus souvent, ce sont des infections bactériennes qui provoquent des décompensations chez les personnes qui souffrent d’affections chroniques, asthme, maladies cardiaques ou hépatiques. Par ailleurs, on sait aussi que, chez la femme enceinte, cela augmente le risque de faire une fausse couche », explique l’infectiologue.

Santé Publique France a partagé une étude début octobre qui montre que « moins de la moitié des personnes à risque de formes graves de grippe déclarent avoir l’intention de se faire vacciner ». Les autorités sanitaires essayent de sensibiliser les personnes de plus de 65 ans. Ce mardi 18 octobre, ce fut le lancement de la campagne et le ministre de la Santé, François Braun, a mis en garde la population. Il est inquiet que « certaines populations, particulièrement exposées à un risque de grippe sévère, demeurent insuffisamment vaccinées« .