Inflation de 17% sur les produits alimentaires : les prix vont-ils enfin chuter ?

Baisse des prix des matières premières et ralentissement de la hausse du coût de l'énergie sont des indicateurs prometteurs. Cela a incité Bercy à demander aux magasins et aux marques de renégocier les tarifs des articles alimentaires, dans le but de combattre l'inflation de 17% sur ces produits.

© FREDERIC SCHEIBER / HANS LUCAS / AFP

Une inflation de 17% sur les produits alimentaires est sans précédent et contraint de plus en plus de consommateurs à se serrer la ceinture. Cependant, cette situation peut-elle être résolue ? C’est possible. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, et Olivia Grégoire, ministre déléguée en charge du Commerce, ont envoyé une lettre aux enseignes de distribution (Leclerc, Auchan, Carrefour…) et aux industriels pour les inviter à ouvrir de nouvelles négociations sur les prix. La baisse de coût de certaines matières premières et le ralentissement de la hausse des prix de l’énergie étant la raison.

Ces indicateurs « encourageants » permettraient de revoir le tarif de certains articles alimentaires, à chaque fois que cela sera objectivement justifié. Dans cette lettre, les ministres demandent aux distributeurs de « veiller à ce que les réductions de prix qui pourront résulter de cette renégociation soient, le moment venu, restituées aux consommateurs, intégralement et sans délai ». Cette décision a été saluée par les enseignes qui se plaignaient des hausses demandées par les industriels, les jugeant injustifiées.

Ceci est une bonne nouvelle pour le consommateur, mais il faut faire attention à ne pas s’emballer. Il n’est pas réaliste de s’attendre à une baisse du ticket de caisse d’un coup de 20%. Pour l’instant, rien n’oblige les industriels à renégocier les tarifs à la baisse et ils ne sont pas forcément prêts à le faire.

Les marques sont réservées

« On est d’accord pour renégocier, mais seulement s’il y a des baisses drastiques sur certains postes, comme l’énergie. Il est important de noter que nous subissons encore des tensions importantes sur les emballages, tels que le carton et le plastique. Le président de l’Adepale, Jérôme Foucault, a déclaré à Capital : « D’ici l’été, les prix ne baisseront pas pour le consommateur. »

Bien que les marques aient réussi à obtenir en moyenne une hausse de tarif de 10 % en mars 2023 auprès des distributeurs, elles estiment que ce n’est pas suffisant et qu’elles ont encore du mal à s’en sortir. François-Xavier Apostolo, directeur général d’Harris-Briochin (produits d’entretien, de nettoyage et de cosmétiques), avance : « Heureusement que nous avons obtenu des hausses, mais seulement 30 % de nos coûts ont été couverts. » La PME a d’ailleurs affirmé avoir obtenu moins de 10 % de hausse de prix par la distribution.

Nous sommes disposés à renégocier, mais il ne faut pas oublier que nous devons supporter une grande partie de l’inflation sur nos postes de dépenses. Nous estimons que les industriels qui ont obtenu des hausses de 20 à 25 % devraient faire des efforts supplémentaires. C’est ce que déclare François-Xavier Apostolo. »

Inflation: des prix qui frôlent l’inentendable

Cependant, il est important de réfléchir à l’appel lancé par le gouvernement. En effet, certains articles ont des prix exorbitants, ce qui entraîne une baisse des volumes d’achat. Les consommateurs ont donc dû faire des choix et renoncer à certains produits jugés trop chers. Cela est compréhensible, notamment lorsque l’on voit des camemberts à 5 euros l’unité, du fromage de chèvre avoisinant les 8 euros ou encore le litre d’huile de tournesol à plus de 4 euros dans certains rayons. Si de nouvelles négociations sont entamées et qu’elles aboutissent à des baisses de prix, les achats devraient alors repartir mécaniquement. Les ministres précisent que le bon déroulement de cette dynamique de renégociation sera suivi régulièrement et fera l’objet d’un bilan à la fin du premier semestre. Il reste à voir qui acceptera de participer aux négociations et si les marques joueront le jeu.