Inflation : les prix pourront-ils retrouver leur niveau d’avant ? La réponse d’un expert

L'inflation sévit depuis plusieurs mois et se situe aux alentours des 6%. Est-ce qu'on v un jour retrouver les prix "d'avant" ? Explications.

© Anne Brouard

L’inflation bat toujours des records dans l’hexagone. Un pourcentage élevé de plus de 6% dont on se serait bien passé. Tous les jours, les tarifs des produits de consommation grimpent sans que l’on puisse agir. Hélas, le phénomène ne va pas s’arrêter l’année prochaine. Bien sûr, il faut garder en tête que l’inflation va bien finir par s’inverser un jour. Mais, est-ce qu’on va retrouver les « prix d’avant » ? Un expert en économie fait le point sur la situation. Merci à nos confrères de Ouest France pour ce dossier particulièrement instructif.

Inflation : quelles sont les nouvelles pour 2023 ?

La vague grossit de plus en plus depuis des mois. Le tsunami a atteint + 5,6 % en septembre, + 6,2 % en octobre et en novembre, nous sommes encore à + 6,2 %, selon l’Insee. Le phénomène d’inflation a commencé en janvier 2021, pendant la crise sanitaire. En dehors de la France, le reste de l’Europe n’est pas non plus épargné. De plus, la situation en Ukraine n’a fait qu’aggraver le problème et notamment augmenter les tarifs de l’énergie et des matières premières.

Indice des prix à la consommation

En plus des explications, voici un graphique qui parle de lui-même. On ne peut être plus clair sur le contexte actuel. Les barres bleues sont l’indice des prix à la consommation et la courbe rouge est l’inflation sur un an.

L’Insee a donné une définition de l’inflation. Il s’agit de la perte du pouvoir d’achat de la monnaie et donc qui engendre une hausse globale et durable sur les prix. L’inflation est calculée avec l’indice des prix à la consommation. Chaque Français constate chaque jour l’augmentation du coût de la vie, que ce soit en allant faire ses achats alimentaires ou mettre du carburant. (Quand il y en a)

D’après LSA, le 27 octobre 2022, les viandes surgelées sont les plus impactées. En effet, leur prix a augmenté de + 31,8 %. Ensuite, on peut citer les mouchoirs en papier, les chiffons, les viandes hachées ou encore les pâtes, qui atteignent une hausse de + 23 et + 28 %.

Chiffres de l’inflation par secteur en France en novembre 2022

Une amélioration pour la fin d’année 2023

Hélas, l’inflation va continuer en 2023, selon Mathieu Plane, le directeur adjoint de l’OFCE. « Le pic de l’inflation sera probablement atteint début 2023, avec la revalorisation de 15 % des tarifs réglementés de l’électricité, ce que devrait la pousser à 7 %. Puis on estime qu’elle descendra à +3,5 % en fin d’année. »

Est-ce une bonne nouvelle ? Dans un an, on pourra souffler ? « S’il n’y a pas de nouveau choc, l’inflation va ralentir », d’après l’expert. Ainsi, on imagine qu’avec ce ralentissement, les tarifs vont aussi revenir à la normale ? Il ne faut pas aller trop vite en besogne pour Mathieu Plane. « Il y a très peu de chances que cela arrive. Avec le contre-choc des prix de l’énergie, on rentre dans une spirale. À cause de l’effet de cliquet. En fait, quand les coûts des matières premières augmentent, cela génère une hausse des revenus, comme les salaires. Mais lorsque les coûts diminuent, les revenus ne baissent pas autant. Par exemple, le Smic, qui est indexé sur l’inflation, ne va pas baisser si l’inflation diminue. C’est pareil avec les indices de la fonction publique ou les loyers. ».

Pour information, le salaire a été réévalué de 3,7 % dans l’hexagone sur un an. Une augmentation qui reste quand même en dessous de l’inflation.

Des baisses de prix à géométrie variable

En tout cas, il faut comprendre que quand l’inflation sera contrôlée, tous les tarifs ne vont pas réagir de la même façon. « Plus la composante de matière première est importante dans un produit, plus il y a des chances que ça baisse. C’est le cas du gaz et des produits pétroliers, par exemple. » Donc, les tarifs du carburant vont revenir à la normale sans problème.

Par contre, pour les autres produits dont la matière première n’est qu’une petite partie du coût final, ce ne sera pas forcément le cas. En effet, les composés dans une usine, le montant du loyer d’un restaurant, le personnel d’un bar… Tous ces coûts vont stagner à un prix élevé. Ensuite, dans le milieu agroalimentaire, plusieurs choses seront aussi prises en compte pour une possible réduction des prix. « Les produits agricoles comme le blé sont très dépendants des questions géopolitiques, stratégiques ou climatiques », souligne le professionnel de l’OFCE. Par exemple, le tarif des pâtes est en lien avec le contexte en Ukraine et notamment aux récoltes. « Si ces dernières sont bonnes, les tarifs baisseront. ».

Une déflation comme au Japon

Si les conflits politiques se calment, les prix devraient baisser, notamment ceux du gaz, du pétrole et aussi des céréales. « On se retrouverait dans le cas d’une inflation négative, ce qui serait bénéfique. L’État pourrait lever les boucliers sur l’énergie et faire des économies, le budget des particuliers et des entreprises diminuerait. », selon les analyses de Mathieu Plane. Il s’agit du scénario positif qui permettrait à l’économie de revenir au même niveau qu’avant.

Par contre, l’inflation ne doit pas non plus être négative pendant un trop long moment. « C’est la situation qu’a connue le Japon dans les années 1990 et dont il n’est jamais vraiment sorti. » Les prix baissent, les marges des sociétés aussi, idem pour les salaires et tout est impacté encore une fois. Les entreprises n’investissent plus, l’économie régresse et le gouvernement ne fait plus de recettes. Ainsi, on comprend que ni l’inflation ni la déflation ne doivent se poursuivre indéfiniment. Cela nous indique aussi que l’inflation peut avoir du bon si elle est maîtrisée et qu’elle n’explose pas. Encore merci à nos confrères de Ouest France pour ce dossier particulièrement intéressant.