L’insomnie fatale familiale est une maladie très rare causée par des protéines anormales appelées prions. Elle fait partie d’un groupe de maladies appelé encéphalopathies subaiguës spongiformes transmissibles (ESST). Cette maladie entraîne une dégénérescence rapide du système nerveux central, qui affecte principalement le thalamus, la région du cerveau qui contrôle le sommeil. Bien que peu connue, cette maladie est mortelle.
1. Insomnie fatale familiale : les causes
Chaque année, environ 100 à 150 nouveaux cas de maladies à prions sont diagnostiqués en France, avec la maladie de Creutzfeldt-Jakob (85 % des cas) et le syndrome de Gerstmann-Sträussler-Scheinker. L’insomnie fatale familiale est un type rare de maladie du cerveau. Toutes ces maladies sont causées par l’accumulation toxique d’une protéine appelée prion dans le cerveau. Cette protéine est présente dans de nombreuses structures cellulaires chez l’être humain et peut se replier de manière anormale en formant une « scrapie ».
Cette forme anormale facilite l’agrégation de la protéine, en particulier dans les neurones. Dans le cas de l’insomnie fatale familiale, une mutation appelée D178N, associée à un codon 129 codant une méthionine, augmente la probabilité que la protéine prion humaine se replie. Cette mutation est transmise de manière autosomique dominante, ce qui signifie qu’un enfant dont l’un des deux parents a subi cette forme d’encéphalopathie a 50 % de chances de l’avoir également, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
Il existe également une forme d’insomnie fatale sporadique, qui survient spontanément et n’est pas liée à une mutation génétique de la protéine prion humaine. Cette forme se caractérise également par une altération du fonctionnement cognitif, selon le Manuel MSD.
2. Insomnie fatale familiale : les signes
La maladie à prions est rare et survient généralement vers l’âge de 50 ans. Elle se manifeste d’abord par des troubles du sommeil paradoxal, tels que des difficultés à s’endormir ou des somnolences diurnes. Avec le temps, ces troubles évoluent en une forme d’insomnie plus sévère et résistante aux somnifères et autres thérapies habituellement recommandées pour les personnes insomniaques. Les signes moteurs tels que les contractions, spasmes musculaires, hypertonie et myoclonies apparaissent également. Les rythmes circadiens disparaissent et le sommeil devient alors impossible. Selon Orphanet, des troubles cognitifs et neurovégétatifs surviennent alors :
- Dysautonomie ;
- Perturbation de la vigilance et de la conscience ;
- Hallucinations ;
- Désorientation ;
- Trouble de la mémoire ;
- Troubles sphinctériens ;
- Altération de la coordination ;
- Démence.
3. Diagnostic de l’insomnie fatale familiale
Le diagnostic officiel de la maladie ne peut être établi qu’après la mort en examinant les tissus du cerveau. Cependant, il existe plusieurs autres tests médicaux qui permettent de diagnostiquer l’insomnie fatale familiale avec une forte probabilité. Par exemple, la ponction lombaire peut détecter la présence de la protéine 14-3-3 qui sert de marqueur indirect de la maladie et qui est sécrétée par des neurones en souffrance. Une analyse génétique peut également identifier une éventuelle anomalie du gène de la protéine prion. Les médecins peuvent également effectuer des examens d’imagerie tels que la tomographie par émission de positons (TEP) pour évaluer le fonctionnement métabolique cérébral ou la polysomnographie pour identifier les troubles du sommeil.
4. Évolution de l’insomnie fatale familiale
L’insomnie fatale familiale conduit à la mort, comme son nom l’indique clairement. Selon l’Inserm, le décès survient en moyenne entre 6 et 30 mois après l’apparition des symptômes. Il n’existe actuellement aucun traitement curatif pour l’insomnie fatale familiale, mais les symptômes peuvent être pris en charge pour soulager le patient. Des scientifiques travaillent activement sur des solutions thérapeutiques pour les maladies à prions. Les oligonucléotides antisens sont testés dans le cadre d’essais cliniques pour inhiber la synthèse de la protéine prion humaine. L’immunothérapie est également une piste de recherche prometteuse au Royaume-Uni, selon l’Inserm.