La rentrée scolaire 2023 enregistre déjà une perte de 1 152 postes !

À la prochaine rentrée scolaire, il y aura au moins 1000 postes de professeurs des écoles et autant d'enseignants dans le secondaire qui ne seront pas pourvus. Les résultats des concours de recrutement de professeurs des écoles et du CAPES sont sortis. Il y a eu 11 371 candidats admissibles pour 8 000 postes dans le premier degré (un ratio de 1,42) et 6 893 pour 4 883 postes dans le second degré (un ratio de 1,41). Comme nous l'avions prévu dès le 7 avril dernier, à la découverte du nombre de candidats par concours, le manque d'attractivité n'a pas été résolu. Cette situation indique que la prochaine rentrée scolaire sera aussi mauvaise que la dernière.

© François Destoc

Rentrée 2023: les résultats des concours de recrutement des professeurs sont maintenant publiés sur le site Cyclade. Les chiffres ne sont pas affichés, donc il faut les compter un à un, discipline par discipline, pour avoir une idée du nombre de candidats admissibles. Le café pédagogique fournit les détails des résultats d’admissibilité pour chaque concours.

Concours pour les professeurs des écoles : les académies ont des difficultés

Dans le premier degré, 11 291 candidats ont réussi le CRPE (Concours de Recrutement des Professeurs des Écoles) pour 7 835 postes, soit un ratio de 1,42 (nombre de candidats admissibles par poste). Les chiffres sont encore plus mauvais qu’en 2021, année marquée par la pandémie de Covid-19.

Rentrée 2023: la prochaine rentrée scolaire risque d’être problématique dans de nombreuses académies. Le ratio était de 1,18 lors de la rentrée 2022, la réforme du concours ayant particulièrement mis en difficulté le recrutement. Si les chiffres sont moins dramatiques, il n’en reste pas moins que dans différentes régions, on sait déjà qu’il manquera un nombre important de professeurs des écoles. Guislaine David, co-secrétaire générale du SNUIPP-FSU, confie que « la rentrée sera compliquée ». Elle ajoute que « les candidats ne sont pas là » et qu’il y a une perte sèche de près de 1000 postes.

Dans l’académie de Versailles, 833 candidats ont réussi sur 1 285 postes, ce qui signifie qu’il manquera 452 enseignants dans les trois départements composant cette académie. En Guyane, ce sont 85 admissibles pour 165 postes (-80). À Créteil, ils sont 737 pour 1 166 postes (-429). Soit une perte totale d’au moins 961 postes.

À l’autre bout de l’échelle, des académies comme Besançon ou la Corse ont un ratio égal ou supérieur à 2,5.

Rentrée 2023: des enseignants de niveaux différents

Les ratios de recrutement varient selon les régions, ce qui inquiète le premier syndicat d’enseignants du premier degré. Selon une porte-parole du syndicat, « les académies ne sont pas toutes aussi attractives les unes que les autres. Dans certaines, le niveau d’admissibilité est de 6 ou 7 sur 20, alors que dans d’autres, il est plus proche de 14 ou 15. »

Manque d’enseignants en allemand, physique et lettres

Les résultats d’admissibilité sont inquiétants dans le secondaire. En mathématiques, il n’y a que 1 169 candidats admissibles pour 1 040 postes, soit un ratio de 1,12. En sciences physiques, c’est encore pire, avec 440 admissibles pour 409 postes, soit un ratio de 1,03. En lettres classiques, seulement 47 candidats sont admissibles pour 134 postes. Les lettres modernes ne se portent pas mieux, avec un ratio de 1,01, soit presque autant d’admis que de postes ouverts.

Sophie Vénétitay, du SNES-FSU, déclare : « La crise d’attractivité est structurelle, elle a des racines profondes. Les mesures cosmétiques du ministre de l’Éducation nationale ne vont pas attirer des candidats dans nos métiers. Ce n’est pas par une prime d’activité et un pacte, dont on sait très bien qu’il alourdit la charge de travail, que le problème sera résolu. » La responsable syndicale voit dans ces résultats la confirmation que le gouvernement n’a pas réussi à attirer de nouveaux candidats malgré les discours sur un « choc d’attractivité » et des « mesures inédites sur les salaires ».

Les annonces de revalorisation n’ont pas eu l’effet escompté sur l’attractivité du métier.

Pour rendre la profession d’enseignant plus attrayante, le syndicat des enseignants du secondaire suggère une augmentation significative des salaires sur plusieurs années pour offrir des perspectives de carrière. « L’augmentation des salaires de départ seule ne suffit pas à rendre notre profession plus attrayante s’il n’y a pas de perspectives d’augmentation de salaire au milieu et à la fin d’une carrière », commente Sophie Vénétitay. En plus des salaires, les conditions de travail doivent également être améliorées, et « de ce point de vue, l’élimination continue de postes envoie un signal désastreux », ajoute-t-elle.

« Les annonces de salaires n’ont eu aucun effet. Affirmer qu’il suffisait de rendre une profession sous-évaluée dans la société et avec des conditions de travail en détérioration plus attrayante est symptomatique d’un certain manque de réalisme », ajoute Guislaine David. Selon la porte-parole du SNUIPP-FSU, les conditions de travail et la revalorisation sous forme de pacte – « et donc travailler plus pour espérer gagner plus » – ont finalement découragé les derniers volontaires.

Il est donc prévisible que l’année scolaire 2023 sera aussi désastreuse que celle de 2022. Face au défi des pénuries de personnel, il est clair que le ministre et ses équipes n’ont pas été en mesure de répondre aux attentes.