Rentrée scolaire : les couvertures en plastique sur les cahiers sont-elles vraiment utiles ?

Les cahiers avec couverture en polypropylène sont devenus courants dans les salles de classe en raison de leur résistance, mais leur utilisation est remise en question à une époque où la réduction de notre consommation de plastique est une préoccupation majeure.

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Pour cette rentrée de 2023, il est difficile d’acheter des fournitures scolaires sans plastique. Les cahiers avec une couverture en polypropylène, appelés « polypro », ont remplacé les cahiers avec une couverture en carton dans la plupart des supermarchés et papeteries.

Les couvertures en plastique sont populaires car elles sont solides, imperméables et disponibles dans de nombreuses couleurs. Oxford, une marque du groupe français Hamelin, a été la première à introduire ces couvertures en 2005. Maintenant, environ 55% des cahiers ont une couverture en plastique, tandis que 45% ont une couverture en carton. Les consommateurs apprécient la commodité des cahiers avec une couverture en plastique, car ils n’ont pas besoin d’acheter une protection supplémentaire pour le cahier et n’ont pas à se soucier de couvrir les cahiers avec des protège-cahiers.

« Fabriqué à partir de cordages usagés récupérés de l’industrie maritime”

Les marques cherchent constamment à innover en développant de nouvelles gammes de cahiers avec de grands rabats et des pochettes intégrées également en polypropylène (PP). Bien que pratique, la majorité de ces produits finiront dans un placard en juin prochain, puis à la poubelle à plus ou moins long terme. Bien que le polypropylène puisse être recyclé, il reste une substance polluante issue du pétrole. De plus, de la matière plastique vierge est généralement nécessaire pour fabriquer de nouvelles couvertures. Le PP 100 % recyclé reste rare.

Oxford reconnaît qu’il existe peu de filières de recyclage de polypropylène permettant d’accéder à des approvisionnements suffisamment réguliers, qualitatifs, réellement issus de post-consommation et socialement responsables. Afin de réduire l’empreinte carbone des couvertures et éviter de consommer davantage de matières naturelles non renouvelables, la marque lance cette année une gamme avec au moins 30 % de plastique recyclé provenant de cordages usagés de l’industrie maritime.

Un cahier pratique pour l’apprentissage en plein air.

Les couvertures en plastique sont-elles réellement nécessaires ? C’est la question que se pose le réseau Profs en transition, qui a plus de 32 000 abonnés sur Facebook. « Dans le cadre de notre initiative #CartableVert, nous réfléchissons avec les élèves à ce dont on a réellement besoin, ce dont on peut se passer, ce qui peut être partagé, etc. », explique Frédérick Heissat, co-fondateur.

Frédérick Heissat n’est pas contre les couvertures en plastique : « Elles ont l’avantage d’être utiles quand le cahier est utilisé sur plusieurs années, sur tout un cycle d’enseignement. Par exemple, en primaire, le cahier de poésie ou d’anglais qui va suivre l’élève du CP au CM2« . Le cahier polypropylène est également utile dans le cadre de « l’école en plein air », où les élèves ont besoin d’un support de travail robuste pour travailler en extérieur.

« En revanche, s’il n’est utilisé qu’un quart de l’année, il faut trouver une alternative », affirme Frédérick Heissat, qui a enseigné pendant une dizaine d’années en primaire. « Les catalogues des fournisseurs pour les écoles proposent d’autres types de cahiers, mais ils ne sont pas mis en avant. »

Heureusement, il reste encore des cahiers en papier recyclé avec une couverture en carton. Il en va de même pour les protège-cahiers qui étaient utilisés avant les couvertures en polypropylène et qui, s’ils sont également en plastique, peuvent être réutilisés d’une année sur l’autre. Toutefois, il n’est pas certain qu’ils soient toujours de bonne qualité pour résister pendant plusieurs années ni qu’ils soient populaires auprès des jeunes.

Protecteurs de cahiers en papier kraft ou en tissu.

Dans le réseau Profs en transition, certains élèves préfèrent utiliser des classeurs avec des feuilles dès l’école primaire. Cela permet d’économiser de la colle car les photocopies sont directement perforées et insérées dans le classeur qui est en plus réutilisable. Que ce soit un cahier ou un classeur, la première chose que les élèves doivent comprendre est qu’il faut en prendre soin, souligne M. Heissat.

L’initiative #CartableVert encourage les solutions faites à la main : « On peut organiser une activité artistique à l’école ou à la maison où les élèves apprennent à couvrir eux-mêmes leurs cahiers avec du papier kraft. On peut aussi imaginer la réalisation de protège-cahiers en tissu avec l’aide des grands-parents, par exemple, ou dans le cadre des activités périscolaires. Cela permet aussi d’initier à la couture et à d’autres savoir-faire. »

Ce type d’initiative semble plus facilement réalisable en primaire, sous la direction d’un seul enseignant, que dans les établissements du secondaire, admet Frédérick Heissat : « Au collège, les disciplines restent très cloisonnées. Il n’y a pas assez de coopération entre les enseignants, d’où la multiplication des injonctions en matière de fournitures scolaires. »

Revoir la conception des fournitures avec les papetiers

La Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) a l’intention de mettre en place des mesures concrètes avec les fabricants de papeterie pour revoir la conception de certaines fournitures qui ont un prix élevé, qui alourdissent considérablement le poids du cartable et qui ne sont pas assez respectueuses de l’environnement. Cela a été expliqué dans une publication récente.

Le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, a également souligné le problème des listes de fournitures dans son discours du 28 août, en déclarant qu’il fallait simplifier la liste des fournitures scolaires demandées aux élèves. L’Éducation nationale préconise déjà cette simplification à travers deux listes modèles et une circulaire du 28 juin 2022, qui demande aux directeurs d’école et aux chefs d’établissement de limiter et d’harmoniser les demandes des enseignants. Le ministre a-t-il l’intention d’aller plus loin ? Ce ne sera pas pour cette rentrée, car les listes ont été fournies aux élèves dès le mois de juin.

Des allégations vertes… malgré le plastique

Les parents qui cherchent à choisir leurs fournitures en se basant sur les labels verts seront déçus. En effet, Oxford a reçu l’Écolabel européen pour ses produits, y compris ceux qui contiennent du PP. Le seul critère imposé au fabricant est que « les éléments des produits de papeterie qui ne sont pas en papier, tels que […] les couvertures en plastique, doivent pouvoir être facilement retirés afin de ne pas entraver le processus de recyclage », précise le référentiel européen, qui ne tient pas compte de l’impact environnemental du plastique.

Les certifications FSC ou PEFC, censées garantir un bois issu de forêts gérées durablement, sont également affichées sur de nombreux cahiers. Clairefontaine se vante ainsi sur son site de proposer des produits fabriqués uniquement avec des pâtes à papier provenant à 100 % de forêts certifiées pour leur gestion environnementale. Cependant, ces produits ont également des couvertures 100 % en plastique.