Les « métiers en tension » sont de nouveau d’actualité. Le président Emmanuel Macron en a parlé lors de son interview à la télévision dimanche soir, puis dans le cadre de la loi sur l’immigration actuellement examinée au Sénat. Un des articles de ce projet de loi vise à régulariser les travailleurs sans papiers exerçant des métiers en tension. Le président a déclaré dimanche qu’il ne voulait pas « laisser des personnes intégrées en situation de précarité administrative ».
Métiers en tension : Une problématique actuelle
Les « métiers en tension » sont au cœur des préoccupations actuelles. Le président Emmanuel Macron a récemment évoqué cette question lors d’une interview télévisée, puis dans le contexte de la loi sur l’immigration en cours d’examen au Sénat. Un article de ce projet de loi vise à régulariser les travailleurs sans papiers exerçant des métiers en tension. Le président a affirmé son souhait de ne pas laisser des personnes intégrées dans une situation de précarité administrative.
Les métiers en tension : une définition et des difficultés de recrutement
Les métiers en tension sont des professions pour lesquelles le nombre d’emplois disponibles dépasse largement le nombre de candidats, ce qui rend le recrutement difficile pour les entreprises. Ces difficultés peuvent toucher de nombreux secteurs, comme celui de la construction qui connaît une situation particulièrement tendue. Selon la DARES (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques), les difficultés de recrutement se sont légèrement atténuées depuis leur pic au milieu de l’année 2022, mais elles restent à un niveau élevé. Il semble donc que ces difficultés soient de nature conjoncturelle plutôt que structurelle, la situation se stabilisant sans réelle amélioration.
Une étude de Pôle Emploi sur les besoins de main-d’œuvre, datant d’avril 2023, confirme cette situation. L’organisme met en évidence les métiers qui rencontrent le plus de difficultés de recrutement, tels que les serveurs de cafés et restaurants, les viticulteurs et arboriculteurs, les employés polyvalents en cuisine ou encore les cuisiniers. Pôle Emploi identifie également 10 autres métiers, parmi lesquels les métiers de couvreur, de pharmacien, d’aide à domicile et d’aide ménagère, de chaudronnier et de forgeron qualifié, de carrossier automobile, ainsi que de technicien médical. Les domaines clés de la construction et de la santé sont donc particulièrement touchés par ces difficultés de recrutement.
Les professions du BTP en première ligne
Parmi les métiers en tension, une étude conjointe de Pôle Emploi et de la D.A.R.E.S, publiée en 2022 et basée sur des données de 2021, identifie avec précision plusieurs professions en tension. On observe notamment des tensions chez les techniciens en mécanique, les dessinateurs en électricité et en électronique, les régleurs, les ingénieurs et les cadres d’étude dans le domaine de la recherche et développement en informatique, ainsi que chez les chefs de projets informatiques et les ingénieurs du bâtiment et des travaux publics, les chefs de chantier et les conducteurs de travaux.
Des difficultés de recrutement persistantes
Outre ces métiers, on retrouve également des professionnels de la santé et du BTP parmi les métiers en tension. Les infirmières, les couvreurs, les géomètres, les chefs de chantier et les conducteurs de travaux (non cadres) ainsi que les tuyauteurs figurent parmi les métiers où les tensions persistent. Les indices de tension de tous ces métiers sont calculés en fonction du rapport entre le flux d’offres d’emploi en ligne, le taux d’écoulement de la demande d’emploi et la part des projets de recrutement identifiés comme difficiles par les employeurs. Ces indices sont complétés par plusieurs indicateurs qui expliquent les origines de ces tensions, telles que la non-durabilité de l’emploi, les conditions de travail contraignantes, la disponibilité de la main-d’œuvre, l’intensité des embauches, le lien entre les formations et l’emploi, ainsi que la géographie du poste.
Il est intéressant de noter que certains obstacles spécifiques se posent, comme l’inadéquation géographique entre l’offre et la demande dans le cas des techniciens en mécanique et travail des métaux. En revanche, les emplois liés à la restauration, tels que serveur, employé de cuisine ou cuisinier, sont soumis à la saisonnalité des postes ou aux conditions de travail difficiles dans le secteur du BTP. De plus, parmi les 15 familles de métiers en tension en Normandie en 2021, 10 étaient déjà considérées comme telles en 2019, comme l’indique le rapport de Pôle Emploi publié en 2022.
Des enjeux à long terme
Il est clair que les métiers en tension posent des défis importants en termes de recrutement et de gestion des ressources humaines. Les entreprises doivent faire face à une concurrence accrue pour attirer les candidats qualifiés dans ces secteurs spécifiques. Il devient donc essentiel de mettre en place des politiques et des mesures visant à favoriser l’attraction et la rétention des talents, ainsi qu’à améliorer les conditions de travail et de formation dans les métiers en tension. Une collaboration étroite entre les acteurs du marché du travail, tels que les entreprises, les organismes de formation et les institutions publiques, est nécessaire pour relever ces défis et assurer un équilibre entre l’offre et la demande dans ces secteurs clés de l’économie.