Vos revenus impactés par votre origine sociale et genre, voici combien vous perdez chaque mois

France Stratégie a mené une étude pour évaluer le degré des disparités de revenus en France, en fonction de divers critères tels que l'origine sociale, le genre, l'ascendance migratoire et le lieu de résidence des personnes à l'adolescence.

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Les inégalités en France sont un fait établi, mais France Stratégie, dans une note d’analyse publiée le mercredi 5 avril, soutient qu’il est essentiel de dresser un bilan clair des facteurs qui influencent ou non les trajectoires individuelles pour lutter contre ces disparités.

De fortes disparités

L’organisme affilié à Matignon a spécifiquement examiné l’impact de quatre variables (profession des parents, ascendance migratoire et lieu de résidence pendant l’enfance) sur le revenu perçu au début de la vie active (salaire et revenu non salarié), qui reflète l’insertion et la valorisation sur le marché du travail, déterminant en grande partie la position sociale des individus. Les auteurs de l’étude soulignent que celle-ci ne se limite pas aux salariés, mais inclut également les agents publics, les travailleurs indépendants, les chômeurs et les personnes inactives.

Selon les résultats de leur étude, France Stratégie conclut que l’origine sociale, liée à la profession des parents, est le facteur le plus déterminant pour les revenus d’activité, avec un écart mensuel moyen d’environ 1 000 euros. Ensuite, mais avec une grande distance, vient le sexe, avec un écart moyen d’environ 600 euros par mois. Toutefois, le lieu de résidence pendant l’enfance et l’ascendance migratoire ont un impact beaucoup moins important sur les écarts de revenu d’activité, ce qui, selon Gilles de Margerie, commissaire général de France Stratégie, est plutôt surprenant.

Revenus : les femmes sont défavorisées

Les auteurs de l’étude ont analysé six catégories d’individus regroupées par sexe et origine sociale pour approfondir leur analyse. Ils ont constaté que, à âge, lieu de résidence à l’adolescence et ascendance migratoire similaires, les hommes d’origine favorisée gagnent plus de deux fois le revenu d’activité des femmes d’origine modeste, avec une moyenne de 3 300 euros par mois pour les premiers et de 1 500 euros pour les secondes.

La deuxième catégorie la moins favorisée est celle des femmes d’origine intermédiaire, avec des revenus moyens d’activité de 1 824 euros par mois, plutôt que celle des hommes d’origine sociale modeste avec une moyenne de 2 059 euros par mois. Il est également à noter que les femmes d’origine sociale favorisée perçoivent des revenus d’activité presque identiques à ceux des hommes d’origine sociale intermédiaire, avec une moyenne de 2 412 euros et 2 350 euros par mois, respectivement.

Parmi les hommes issus d’une famille favorisée, il y a des différences de revenus allant jusqu’à 5 000 euros par mois entre les 10% les mieux rémunérés et les 10% les moins bien payés. De même, chez les femmes issues d’une famille modeste, le rapport peut aller jusqu’à 1 pour 14 entre les 10% les mieux payées et les 10% les moins bien payées. En d’autres termes, certaines femmes d’origine modeste peuvent gagner des revenus élevés, tandis que certains hommes d’origine favorisée peuvent gagner des revenus faibles.

France Stratégie souligne qu’il existe une inégalité des chances, mais pas de déterminisme, car les caractéristiques héritées ne sont pas de bons prédicteurs du revenu des individus. En fait, 11% des femmes d’origine modeste qui perçoivent les revenus les plus élevés gagnent plus que la moitié des hommes d’origine favorisée, ce qui illustre la variabilité des situations individuelles.