Épiphanie : voici pourquoi la galette des rois disparaît durant 11 mois malgré son succès en janvier

Chaque année en janvier, vous aurez droit à des délicieuses galettes, mais ce succulent dessert sera absent de votre table pendant les 11 mois qui suivent. Pourquoi une telle absence alors que les gens sont si friands de galette ?

© Nicolas Diolez

Ce mois de janvier, c’est le moment de vous régaler avec des galettes de rois à la frangipane, de débattre sur cette spécialité et de tenter de trouver un maximum de fèves ! C’est parti pour l’Épiphanie !

30 millions de galettes vendues chaque année

Dominique Anract, président de la Confédération Nationale de la Boulangerie-Pâtisserie Française (CCNBPF), a déclaré que 30 millions de galettes seraient consommées chaque année par les Français en janvier, représentant ainsi 5 % du chiffre d’affaires annuel du secteur. Un sondage réalisé par Epicery révèle que 96 % des Français comptent déguster au moins une galette.

Même si vous vous dépêchez, à partir de février, les galettes cesseront d’être disponibles dans les boulangeries et les supermarchés. Mais pourquoi cette interruption de 11 mois, malgré leur grande popularité? Après tout, les crêpes ne sont pas uniquement consommées à la Chandeleur. Alors pourquoi ne pas servir la bûche en dessert pour décembre, conserver la galette à janvier ou bien manger des œufs en chocolat uniquement à Pâques ?

Un produit très coûteux

Le budget et la complexité sont les premiers facteurs à prendre en compte. « La farine, le lait et les œufs sont suffisants pour réaliser des crêpes, alors que la poudre d’amande ou la frangipane sont nécessaires pour la galette, des produits bien plus coûteux. La bûche de Noël est également plus compliquée à réaliser ». C’est ce qu’affirme Clémentine Hugol-Gential, professeure à l’université de Bourgogne et experte des questions de médiation et de médiatisation alimentaire.

En faisant de la galette des Rois un produit rare, les boulangers et les pâtissiers ont permis de s’offrir un petit plaisir particulier à une seule occasion de l’année. Cela se manifeste par le nombre limité de galettes vendues et par le prix élevé de chacune.

Dominique Anract est convaincu que la galette ne serait pas aussi populaire si elle était proposée toute l’année. Pour étayer ses arguments, il cite des pâtisseries telles que le pithiviers ou le dartois qui, malgré leur présence tout au long de l’année, n’ont pas le même succès que la galette. Vous ne connaissiez peut-être même pas leur existence.

Un rituel bien ancrée dans la société

Les fêtes païennes et catholiques très ancrées dans la culture populaire, telles que la Galette des rois, la bûche de Noël et les œufs de Pâques, sont bien mieux connues que la Chandeleur. Marie-Eve Laporte, enseignante-chercheuse à l’IAE Paris-Sorbonne et spécialiste de l’évolution du comportement alimentaire, souligne que, le 2 février 2023, les catholiques célébreront la présentation de Jésus au Temple, tandis que l’Epiphanie sera rappelée à travers la Galette des rois – dont le nom est un indice significatif.

On peut en consommer en dehors de janvier, mais cela ne serait pas aussi significatif. Même si l’on n’est pas croyant, cette coutume est considérée comme un acte sacré. Clémentine Hugol-Gential souligne que les rituels, les fêtes et le partage des traditions sont nécessaires à une société, quelle que soit sa spiritualité.