CAF : les jeunes doivent-ils bénéficier du RSA dès l’âge de 18 ans ?

Le RSA de la CAF va peut-être s'élargir aux plus jeunes, c'est-à-dire, aux 18-25 ans. Est-ce une bonne idée ou une défaite ?

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Un porte-parole de la Fondation Jean-Jaurès souhaite ouvrir le droit du RSA aux jeunes de moins de 25 ans. Il met en avant plusieurs raisons, mais qui est de son avis ?

Est-ce une bonne idée d’étendre le RSA aux jeunes de 18-25 ans ?

La Fondation Jean-Jaurès estime que cette ouverture du RSA aux 18-25 ans est nécessaire. Timothée Duverger, codirecteur de l’Observatoire de l’expérimentation et de l’innovation locales du plus vieux « think tank » français, explique qu’« il est injuste que les jeunes se voient refuser la citoyenneté sociale » et pour lui le RSA pourrait devenir « le socle de leur autonomie, venant sécuriser leur parcours et développer leur pouvoir d’agir à un âge charnière de la vie. »

Une règle qui date d’il y a 35 ans

Mais, pourquoi les jeunes ont d’abord été exclus de l’ancien RSA, appelé RMI ? « Ce choix s’est vu justifié par les dispositifs d’insertion leur étant spécifiquement destinés, la prééminence des solidarités familiales et le risque de décohabitation », informe Timothée Duverger. Mais, 35 ans après, la situation n’est plus la même : « Il en résulte un émiettement des aides sociales, qui sont conçues comme autant de palliatifs pour combler le « trou » du revenu minimum ».

Il est compliqué de lui trouver des arguments contraires. Celui-ci enchaîne en citant les aides sociales qui se stoppent à 20 ans, la demi-part fiscale à 21, le CEJ et le fonds d’aide aux jeunes à 25 ou encore les bourses étudiantes à 28.

Par ailleurs, il faut noter aussi que le taux de pauvreté des 18-24 ans est supérieur par rapport aux autres catégories d’âge et qu’il a même augmenté. 22,7% contre 13 % en 2018, selon l’Insee. Avec la crise sanitaire de 2020, la situation pour les jeunes s’est encore plus dégradée.

Un RSA étendu jusqu’à quel point ?

À savoir, le RSA est accordé aux jeunes en dessous de 25 ans en fonction de critères stricts. En effet, ils doivent avoir travaillé pendant deux ans minimum ou avoir un équivalent de temps plein dans les trois dernières années avant de pouvoir faire la demande.

Mais, certains souhaitent que le RSA soit étendu aux jeunes qui n’ont pas de formation ni de profession. Ainsi, cela représenterait une dépense de 5 milliards d’euros, selon le Monde en 2020. D’autres encore veulent ouvrir le RSA à tous à condition de respecter les seuils de ressources.

« Le point d’achoppement » est identique. « Non seulement l’ouverture du revenu minimum à un nouveau public est coûteuse, mais en plus, elle peut être source d’injustice sociale en apportant une aide aux enfants des familles aisées », précise Timothée Duverger.

Certains se demandent aussi comment éviter que les jeunes plus aisés profitent du système ? Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, conseille « d’accorder le RSA aux 18-25 ans, mais à ceux qui sont autonomes et le prouvent avec leur déclaration d’impôt ».

La Fondation Jean-Jaurès souhaite une mesure plus étendue via son rapport de Marc Wolf. En effet, à partir de 18 ans, les jeunes devraient pouvoir bénéficier de solidarité familiale ou nationale. Si le RSA s’ouvre aux 18-25 ans, il y aurait un nouveau barème fiscal

Selon sa situation personnelle, le jeune toucherait le RSA, à condition qu’il se déclare aux Finances publiques. Ensuite, les parents aisés devraient aider pour le financement de l’allocation de leur progéniture. De plus, ils n’auraient plus d’aides sociales ou de quotient familial.

« L’informatique fiscale aurait à traiter directement les deux comptes, sans que le montant versé au bénéficiaire soit suspendu de ce qui sera éventuellement attendu de ses père et mère », souligne l’étude.

Est-ce que ce serait un échec ?

Ce n’est pas la première fois que le débat de l’ouverture du RSA aux 18-25 ans se retrouve sur la table. Mais, la mesure a toujours été refusée. Une fois en 2018 et une autre en 2020. Voici les déclarations de Gabriel Attal, secrétaire d’État chargé de la jeunesse, pour Les Echos : « Étendre le revenu de solidarité active aux moins de 25 ans serait se placer dans un esprit de défaite, pour les jeunes comme pour l’État : aucun jeune ne grandit avec les minima sociaux pour horizon. »

Telle est la question ! Est-ce que cette aide est un appui pour l’avenir ou un risque démotivation face à l’emploi ? « Les études disponibles sur le sujet montrent que les seuils d’âge ne créent pas de rupture dans les taux d’emploi et même que la création d’une garantie de revenu est incitative à l’emploi », déclare Timothée Duverger. Et vous, chez lecteurs d’Objeko, quel est votre avis ?