Eau du robinet contaminée : tout savoir sur la multiplication d’un parasite dans l’eau potable

Depuis mardi, les gens de Vitrolles ne peuvent plus boire l'eau du robinet à cause d'un parasite. Ce mois-ci, plusieurs villes de Paca ont eu des problèmes similaires.

© ALEXANDRE LE MER

Depuis le mardi 13 juin, on ne recommande pas de boire l’eau du robinet à Vitrolles. Un problème similaire s’est produit dans une ville voisine des Bouches-du-Rhône en début de mois et la contamination est toujours en cours. Dans les Alpes-Maritimes, plusieurs communes ont également été touchées presque simultanément. Les autorités sanitaires ont identifié un parasite commun présentant des risques pour la santé. France 3 Provence-Alpes répond à cinq questions sur la multiplication des contaminations dans les réseaux d’eau potable en PACA.

Qu’est-ce que le parasite ?

Le Cryptosporidium, un parasite présent dans l’environnement, se développe dans les intestins de divers vertébrés, dont l’homme. Il est responsable d’une infection du tube digestif appelée cryptosporidiose. Selon l’Agence régionale de santé (ARS) Paca, les taux d’infection varient de 0,6 à 2 % dans les pays industrialisés.

Le parasite a été identifié pour la première fois au début du XXe siècle et les premiers cas humains de cryptosporidiose ont été diagnostiqués en 1976.

Quelles communes sont touchées ?

Le parasite a été détecté au début du mois dans un quartier de la commune de Rognac, dans les Bouches-du-Rhône. Les autorités ont immédiatement interdit la consommation de l’eau courante.

Dans cinq communes de l’ouest des Alpes-Maritimes, Saint-Cézaire-sur-Siagne, Peymeinade, Le Tignet, Spéracèdes et Cabris, 22 cas de cryptosporidiose ont été confirmés en lien avec une contamination de leur réseau d’eau potable.

Ce 13 juin, la commune de Vitrolles a déclenché une alerte pour interdire temporairement la consommation de l’eau courante en raison d’une contamination similaire.

À Rognac, la situation est toujours problématique et l’interdiction de consommer l’eau du robinet a été étendue à toute la commune. La mairie a mis en place un approvisionnement en eau minérale.

Comment expliquer cette multiplication des contaminations ?

Pour l’instant, les autorités sanitaires ne donnent pas d’explication, mais plusieurs hypothèses sont avancées par l’ARS Paca. Hébergé par un animal ou par l’homme, le parasite se retrouve dans l’environnement de façon régulière et les fortes pluies de ces derniers temps pourraient être en cause. Des parasites présents dans les selles d’animaux pourraient avoir contaminé les canaux par les pluies, explique Caroline Ageron, directrice déléguée des Bouches-du-Rhône, interrogée par Karen Cassuto.

Les investigations vont se poursuivre pour vérifier l’intégrité de l’eau et tenter de comprendre l’introduction du parasite dans les réseaux, ajoute-t-elle. Parallèlement, l’ARS mène une surveillance active et a écrit à l’ensemble des médecins pour qu’ils soient attentifs au phénomène de gastro-entérite, mais pour l’instant aucun cas n’a été constaté.

Dans les centres de traitement des eaux, des moyens sont mis en place pour améliorer la filtration, la désinfection, et pour s’assurer de traiter le parasite, souligne Caroline Ageron. Toute une série d’analyses sont également menées au quotidien pour s’assurer qu’il ne rentre pas dans le réseau et qu’il a bien disparu.

« À Rognac, une analyse montrait qu’il avait disparu, puis une nouvelle analyse a montré encore une présence. Il faut donc être encore plus attentif, car nous n’avions pas vu qu’il restait probablement encore des traces de ce parasite ».

Dans le centre de traitement des eaux où le parasite a été détecté, un dispositif UV est en cours d’installation pour l’éradiquer. « Les mesures que nous engageons nous permettront de revenir à la normale sous une dizaine de jours maximum parce qu’il y a des délais de fournitures et quand on reviendra à la normale, on y reviendra de manière pérenne », a assuré Franck Sanfilippo, directeur du service de l’eau pour le Centre d’exploitation de Rognac (Société du Canal de Provence) à France 3 Provence-Alpes.

Contrairement aux bactéries, les parasites résistent à certains types de désinfectants utilisés dans le traitement de l’eau potable, notamment le chlore. Santé Publique France précise cela.

Quels sont les risques pour la santé ?

La cryptosporidiose est une maladie qui peut être bénigne et ne présenter aucun symptôme chez les personnes en bonne santé. Elle se manifeste souvent sous forme de gastro-entérite qui guérit spontanément. Cependant, chez les patients qui ont un système immunitaire affaibli, l’infection peut être sévère et durer longtemps. Les symptômes incluent de la diarrhée, parfois des vomissements, des douleurs abdominales, de la fatigue et une légère fièvre. Ces symptômes apparaissent environ une semaine après l’exposition au parasite et peuvent durer jusqu’à deux semaines. Dans cette région, l’ARS n’a signalé aucun cas grave chez les personnes qui ont un système immunitaire affaibli.

Quelles sont les précautions à prendre ?

Si l’ARS donne une alerte, ne buvez pas l’eau du robinet jusqu’à ce que des analyses confirment qu’elle est propre. Voici les précautions à prendre :

  • Si vous avez un système immunitaire affaibli ou si vous avez un bébé, buvez de l’eau en bouteille.
  • Avant de boire, de vous brosser les dents ou de préparer des aliments, il est recommandé de faire bouillir l’eau du robinet pendant deux minutes.
  • Pour éviter de transmettre le parasite, lavez-vous les mains régulièrement avec une solution hydro-alcoolique puis séchez-les.
  • Vous pouvez utiliser l’eau du robinet pour cuire des aliments, prendre une douche ou faire la vaisselle ou la lessive.
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