Intelligence artificielle : Fugitive localisée en Allemagne après 30 ans grâce à l’IA pour les enquêtes

En Allemagne, une fugitive en fuite depuis 30 ans a été retrouvée en 30 minutes grâce à la reconnaissance faciale, selon la police.

© TF1

L’intelligence artificielle a été longtemps considérée comme une technologie évasive et inaccessible, tout comme Daniela Klette, l’une des fugitives les plus recherchées en Allemagne qui a réussi à mener une vie tranquille à Berlin, loin des regards indiscrets de la loi. Daniela Klette, présumée membre du groupe terroriste tristement célèbre « Fraction armée rouge », vivait en sous-location dans un quartier serein de la capitale allemande, cachée en plain sight.

Malgré son pseudonyme, « Claudia Ivone », elle n’était pas une silhouette anonyme dans sa communauté. Au contraire, elle était une figure connue parmi ses voisins et elle s’impliquait activement dans diverses activités locales, ajoutant une couche supplémentaire de normalité à sa façade discrète.

L’arrestation de Klette s’est produite le 26 février, suite à un renseignement reçu en novembre. Cependant, cette arrestation tardive a soulevé de nombreuses questions, en particulier parce que des journalistes ont pu retrouver sa trace en seulement 30 minutes à l’automne 2023. Cela a suscité une controverse sur l’efficacité des recherches menées par les autorités, laissant beaucoup se demander comment une fugitive si recherchée a pu vivre si longtemps sous leur nez.

Intelligence artificielle en ligne

PimEyes, une intelligence artificielle (IA) en ligne, a été utilisée pour certains projets spécifiques et importants. Pour un coût d’environ 30 dollars par mois, il est possible de télécharger une photo de visage et d’obtenir rapidement une liste exhaustive de photos et de liens associés. Cette IA recherche de manière approfondie sur les réseaux sociaux, les sites web et les images de presse, dans le but d’identifier les visages présents sur la photo téléchargée.

Il a joué un rôle crucial et a aidé à identifier les personnes impliquées dans l’attaque du Capitole à Washington en janvier 2021. Il est étonnamment efficace, mais certains se préoccupent des risques potentiels de harcèlement qui pourraient découler de son utilisation.

Cependant, en Allemagne, la police n’est pas autorisée à utiliser ce type d’IA à cause des lois strictes sur la protection des données. En France, son utilisation est permise mais limitée par certaines régulations. « Je n’ai jamais entendu parler d’un cas contesté à cause de cela devant un tribunal », dit un haut fonctionnaire français.

Le général Patrick Perrot, qui conseille le ministère de l’Intérieur sur l’IA, dit que ces outils peuvent être utilisés s’ils sont autorisés par un magistrat lors d’une procédure judiciaire. Il ajoute : « En général, nous préférons créer nos propres outils pour contrôler les paramètres, mais l’IA évolue vite et nous pourrions parfois utiliser des logiciels en ligne. »

Une énigme publique

L’histoire intrigante de Daniela Klette débute en l’année 2023, lorsqu’un auditeur de podcast trouve une histoire suffisamment intéressante pour la partager. L’auditeur prétend avoir rencontré une femme qui autrefois était une terroriste, lors d’une réunion de hackers Anonymous tenue à Cologne, une grande ville de l’Allemagne. Cette affirmation a suscité l’intérêt du journaliste Michel Colborne, qui a décidé de se lancer dans une enquête pour vérifier la véracité de cette information. Après plusieurs tentatives infructueuses, il parvient finalement à identifier une femme qui ressemble étrangement à Daniela Klette sur la page Facebook d’un groupe culturel brésilien basé à Berlin. Cette femme est capturée dans une vidéo, vue en train de danser la capoeira lors d’un carnaval animé. Son arrestation a eu lieu seulement deux mois après la diffusion de cette information, ce qui a soulevé de nombreuses questions. Comment se fait-il que les journalistes ont réussi à trouver Daniela alors que la police, malgré ses ressources et ses efforts, la cherchait sans succès depuis près de trente ans ?

Gain de temps, risque d’erreurs

En France, les programmes de reconnaissance faciale sont basés sur des bases de données. Ces systèmes, bien qu’efficaces, n’ont pas la même portée que le logiciel PimEyes, qui a révolutionné le domaine de la reconnaissance faciale. Le général Patrick Perrot, expert en la matière, explique que l’intelligence artificielle est un outil qui peut certes s’avérer d’une grande aide, mais qui peut aussi se tromper. En effet, malgré toute sa puissance, il ne peut pas remplacer le travail minutieux et méthodique d’enquêteurs humains.

Il illustre son propos en donnant l’exemple de programmes qui vieillissent les photos : parfois, ils fonctionnent bien et fournissent des résultats stupéfiants de réalisme, parfois, ils sont loin de la réalité et peuvent même conduire à des erreurs d’identification. Malgré cela, l’intelligence artificielle peut faire gagner un temps précieux aux enquêteurs.

La police, par exemple, dispose d’outils sophistiqués pour analyser les réseaux criminels, croiser les données, et analyser les vidéos. Patrick Perrot explique qu’à l’aide de ces outils, ils peuvent identifier une voiture ou une arme à feu sur de nombreuses images, une tâche qui serait presque impossible sans l’aide de l’intelligence artificielle. Ils testent également d’autres outils technologiques, comme la transcription automatisée des appels téléphoniques ou l’authentification des images.

Il dit : « Nous en sommes encore au début de cette révolution technologique, mais cela va forcément évoluer, surtout parce que les réseaux criminels l’utilisent de plus en plus. Pour les combattre, nous devons travailler dessus et ne pas nous laisser distancer. »

Enfin, concernant l’affaire Daniela Klette, cette dernière est actuellement en prison en attendant son procès. Elle est soupçonnée d’avoir participé à plusieurs attaques terroristes dans les années 90, des accusations graves qui pourraient lui valoir une longue peine de prison si elle est reconnue coupable.