Quel est l’effet de l’augmentation de l’âge de départ à la retraite sur les dépenses de santé ? Même si les conséquences immédiates de la réforme des retraites votée en avril 2023 sont difficiles à prévoir, une étude de l’Insee s’est penchée sur la question en examinant la réforme précédente. En 2010, l’âge de départ avait déjà été augmenté de deux ans, passant de 60 à 62 ans, avec un ajout de quatre mois par génération. Cette réforme a entraîné une augmentation des arrêts maladie et des dépenses de soins chez les personnes proches de la retraite.
L’étude, relayée par Les Échos et BFMTV, se concentre sur les 10 mois qui ont suivi l’annonce de la réforme des retraites en 2010. L’Insee a noté que, au cours de cette période, « un report de l’âge légal et de l’âge du taux plein augmente la probabilité d’avoir au moins un arrêt maladie de 11,8 % pour les hommes et de 10,3 % pour les femmes » en fin de carrière.
Augmentation des consultations chez les spécialistes
D’après l’Insee, augmenter l’âge minimum de 4 mois pour prendre sa retraite et l’âge pour toucher une retraite à taux plein aurait un impact important sur les dépenses liées aux consultations chez les médecins ou les kinésithérapeutes, ainsi que sur les dépenses de médicaments. Cependant, ces dépenses seraient principalement concentrées sur les consultations chez des spécialistes plutôt qu’en médecine générale, ce qui est différent de ce que l’on pensait.
L’étude de l’Insee remet en cause l’idée que les personnes proches de la retraite feraient plus souvent des arrêts maladie pour protester contre la réforme qui les touche. Si c’était le cas, les salariés pourraient s’attendre à plus de compréhension de la part de leur médecin traitant plutôt que des médecins spécialistes.
L’Insee propose donc une autre hypothèse : la modification des droits à la retraite chez les personnes en fin de carrière pourrait provoquer un stress qui pourrait entraîner des troubles psychologiques, voire physiques. Ainsi, la nécessité de renoncer à ses projets pourrait causer une détresse psychologique et affecter le bien-être physique.
Coût de la réforme : 3,6 milliards d’euros de dépenses supplémentaires, selon la Drees
La réforme qui aura lieu en 2023 diffère légèrement de celle de 2010. En 2010, l’âge légal de départ à la retraite avait augmenté de quatre mois par génération. Cette fois-ci, il augmentera de trois mois. En outre, la réforme précédente avait également prévu une augmentation de deux ans de l’âge du taux plein automatique (de 65 à 67 ans). La réforme actuelle ne prévoit aucune modification à ce niveau.
Cependant, la réforme en cours aura également un coût. Selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) portant sur la réforme de 2023, les dépenses de prestations sociales hors retraite et assurance-chômage devraient augmenter d’environ 3,6 milliards d’euros. Cela inclut les frais liés aux pensions d’invalidité, aux arrêts maladie et aux différents minima sociaux tels que le RSA, l’AAH et l’ASS.
