La réforme des retraites va-t-elle contraindre les préretraités à revenir travailler ?

A partir du 1er septembre, le départ à la retraite est retardé et le temps de travail nécessaire pour y accéder est plus long. Cela signifie que certaines personnes qui ont utilisé des congés accumulés sur leur compte épargne temps pour partir en retraite anticipée peuvent être rappelées par leur entreprise. Le ministre du Travail étudie ces situations.

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Ces derniers jours, plusieurs personnes qui ont pris leur retraite anticipée chez Airbus, Eaux d’Evian et Orano ont exprimé leur inquiétude à propos de la réforme des retraites. En effet, les personnes qui ont quitté leur entreprise il y a quelques mois en utilisant les jours de congés accumulés sur leur compte épargne temps (CET) ou en convertissant leur prime de départ à la retraite en temps pourraient être obligées de revenir travailler pour bénéficier d’une pension complète. Cette situation touche particulièrement les personnes nées à partir de la génération 1961, car la réforme des retraites augmente progressivement l’âge de départ à la retraite et la durée de cotisation nécessaire pour obtenir une retraite complète.

Chez Orano, les personnes concernées ont reçu une lettre de la direction qui les invite à contacter le service des ressources humaines pour discuter de trois options : revenir travailler jusqu’à ce qu’ils aient cotisé pour le nombre de trimestres manquants, étaler leur rémunération jusqu’à une nouvelle date de départ, ou prendre des congés sans solde.

Deux trimestres de plus en moyenne

La direction d’Orano a-t-elle pris une décision rapide sans attendre les décrets d’application de la réforme? Sur Twitter, Orano a expliqué qu’elle avait voulu « réagir pour gérer une situation qui s’impose à nous et identifier des cas individuels pouvant présenter des difficultés ».

La direction a rapidement informé les salariés pour éviter qu’ils ne se trouvent dans une situation difficile et subissent une perte de revenus. Des entretiens individuels sont en cours pour traiter chaque situation et proposer des solutions adaptées, précise le groupe.

Selon l’entreprise, environ soixante salariés sur 14 000 ont été touchés. Il s’agit de collaborateurs ayant bénéficié de dispositifs de congés de fin de carrière pour quitter l’entreprise avant leur départ effectif en retraite et qui sont concernés par la nouvelle réforme. Celle-ci entraîne un décalage de leur départ de deux trimestres en moyenne, estime-t-elle.

Retraites : situations examinées par le ministère du Travail

Le ministre Olivier Dussopt a été questionné mardi sur les travailleurs d’Orano. Il a dit qu’il était conscient de ces « quelques cas ».

Le ministre du Travail a ajouté : « Aucun ne sera rappelé. Personne qui a le droit de partir à la retraite avant le 1er septembre 2023 ne sera rappelé ».

Mais pour Orano, « ce sont des personnes qui ne sont pas à la retraite mais actuellement en congé », a expliqué Olivier Dussopt.

« Mon cabinet travaille avec chaque entreprise concernée et nous allons traiter chaque dossier individuellement afin qu’il n’y ait pas de rappel », a ajouté le ministre, expliquant qu’il voulait convaincre les entreprises de soutenir les travailleurs concernés.

En clair, le ministre demande aux entreprises de payer les trimestres manquants des travailleurs concernés. Selon Benoît Serre, vice-président délégué de l’ANDRH, interrogé par L’Usine Nouvelle, certaines entreprises le prévoient déjà dans les contrats en cas d’évolution de la législation, mais avec une entrée en vigueur de la réforme dès septembre, cela risque de leur coûter beaucoup d’argent.