Fournitures scolaires : marques, tailles… les professeurs peuvent-ils vraiment imposer ?

Chaque année, les parents ont des listes de fournitures scolaires longues et compliquées qui ne suivent pas toujours les règles de l'éducation nationale.

© Lorraine Poupon

Chaque année, à l’approche de la rentrée scolaire, les parents d’élèves se retrouvent confrontés à une longue liste de fournitures scolaires à acheter pour leurs enfants. Malgré les consignes et les conseils prodigués par le ministère de l’Éducation, les listes de fournitures se complexifient de plus en plus et peuvent parfois frôler l’absurde. Les parents doivent se plier aux exigences précises des enseignants qui veulent éviter toute interprétation. Certains d’entre eux se retrouvent même coincés entre les cartables et les agendas, désemparés face à des demandes de plus en plus pointues.

Les entreprises spécialisées dans la vente de fournitures scolaires sont les premières à constater cette évolution des listes de fournitures. Bureau Vallée, par exemple, offre aux parents de réaliser les courses à leur place et constate chaque année l’ajout d’objets sur les listes qui n’avaient jamais été demandés auparavant. Cependant, les prix de ces fournitures augmentent également sous l’effet de l’inflation, comme le montre une enquête de la Confédération syndicale des familles qui a enregistré une augmentation de 11,3% sur un an.

Les règles encadrant les listes de fournitures scolaires

En théorie, les enseignants ne sont pas libres de faire ce qu’ils veulent en matière de listes de fournitures scolaires. Le ministère de l’Éducation prodigue plusieurs consignes et conseils pour alléger les sacs, ne pas plomber les budgets et privilégier les objets recyclés et recyclables. Des interdictions strictes sont également établies dans une note émise en 2013. Les enseignants ne peuvent en aucun cas exiger l’achat d’un matériel d’une marque donnée et la liste des fournitures scolaires doit être arrêtée, selon le cas, par le conseil d’école ou le conseil d’administration. Cela implique qu’un enseignant n’est pas seul à décider.

Cependant, de nombreux établissements ferment les yeux sur les écarts et continuent d’édicter des demandes originales. Certaines écoles demandent des couleurs ou des marques particulières pour les cahiers, interdisent les stylos 4 couleurs ou exigent explicitement certaines marques. Parmi une vingtaine de listes de courses pour la rentrée des classes 2023-2024, au moins un quart faisaient mention d’une marque ou interdisaient certaines choses.

Les dimensions du cahier, un choix stratégique

Les spécificités des listes de fournitures scolaires peuvent sembler incompréhensibles pour les parents, mais elles ont souvent du sens pour le personnel pédagogique. Par exemple, la taille des carreaux des cahiers est importante lorsqu’on apprend à écrire, et les dimensions du cahier sont stratégiques d’un point de vue spatialisation. Les enseignants précisent souvent la taille, le nombre de pages et de lignes des cahiers pour éviter les erreurs et faciliter l’apprentissage des élèves. Les parents qui ne se plient pas exactement aux exigences des enseignants sur l’écart des lignes, par exemple, restent dans leur bon droit, mais l’apprentissage de l’élève peut en pâtir.

Vers la fin du casse-tête des fournitures scolaires?

Ces courses de fournitures scolaires, tantôt un plaisir, tantôt une besogne, pourraient être les dernières. Dans plusieurs communes, ce sont les collectivités qui passent commande pour les objets qui remplissent les trousses et les cartables. Le gouvernement envisage d’élargir ce dispositif en accompagnant mieux les familles en faisant des achats groupés. La Première ministre Élisabeth Borne a lancé l’idée de mieux accompagner les communes et de voir si l’Éducation nationale peut elle-même prendre l’initiative. Cette initiative qui pourrait être pilotée directement depuis les locaux de Gabriel Attal à Paris devra faire l’objet de réflexions et probablement d’un appel d’offres. Le changement pourrait être mis en place pour la prochaine rentrée scolaire.