Depuis le 1er août, les tickets de caisse et de carte bancaire ne sont plus imprimés automatiquement à l’issue d’une transaction commerciale en France. Les clients qui y tiennent doivent désormais formuler expressément leur demande aux commerçants. Et ce, avant le paiement pour avoir le droit de repartir avec. Cette mesure s’inscrit dans le cadre de la loi « antigaspillage et économie circulaire » (AGEC) votée en 2020. Elle vise ainsi à réduire la production de déchets. En effet, 30 milliards de tickets de caisse et de carte bancaire étaient imprimés chaque année dans l’Hexagone jusqu’alors, selon les données du ministère de l’Économie. Pour les défenseurs d’une écologie de « mesurettes », cette mesure est une victoire pour la planète.
Cependant, pour de nombreux Français, la disparition des tickets de caisse constitue une véritable perte de repère dans leur quotidien. Près de 700 personnes ont pris la peine de témoigner à Marianne à propos de leurs inquiétudes. Les personnes âgées de plus de 60 ans pour la plupart, mais pas seulement, ont exprimé leur mécontentement. Au-delà du conflit générationnel, cette mort du ticket matériel met en exergue les fractures sociales et numériques déjà existantes dans la société.
Les conséquences de la suppression des tickets de caisse
Sans justificatif d’achat, le chemin est désormais bien plus ardu pour vérifier l’exactitude du montant de ses courses. Si l’erreur est humaine, la plupart des personnes interrogées estiment que ces dernières sont « beaucoup trop récurrentes » lors de leur passage à la caisse du supermarché. Des achats sont parfois comptés en double. D’autres ne passent pas au même prix que celui indiqué en rayon. Comment le vérifier juste après coup, comme c’était l’usage pour beaucoup ? Et surtout, comment le justifier auprès du magasin, sans le précieux sésame qui fait office de preuve de paiement ? Les promotions ne sont pas toujours appliquées correctement en caisse, alerte Martine, retraitée francilienne. Pour ceux qui veillent au grain sur les bonnes affaires du moment, le ticket est un outil essentiel afin de surveiller la bonne application des réductions.
En période d’inflation, le ticket de caisse permettait de surcroît à beaucoup de consommateurs de pouvoir comparer les prix des articles afin d’adapter leurs dépenses. Si la note est plus élevée que d’habitude, il est bien pratique de pouvoir savoir avec précision là où ça a pêché à l’arrivée, afin de mieux ajuster ses achats lors de la prochaine visite, témoigne Anne, jeune retraitée de Fréjus. Face à l’augmentation des prix, certains ont dû revoir leurs habitudes en désertant leur supermarché habituel pour trouver une adresse moins chère. Je garde mes tickets pour comparer les prix entre les enseignes et me faire mon propre calcul sur le taux d’inflation, nous explique Evelyne, qui vit dans les Hauts-de-France.
Les personnes âgées réticentes
On se retrouve parfois avec des produits défectueux, périmés, de mauvaise qualité. Comment faire valoir son droit sans ticket, s’interroge Magalie, cinquantenaire installée dans les Bouches-du-Rhône. En compensation du ticket de caisse papier, les commerçants proposent désormais aux clients qui le souhaitent de leur transmettre tickets par voie dématérialisée (SMS, courrier électronique…). Notamment pour permettre les retours en magasin. Mais là encore, l’alternative a du mal à passer. En effet, les personnes âgées ont souvent moins d’aisance à utiliser leur téléphone portable ou un ordinateur. Tout le monde n’est pas branché numérique. Comment fait-on si on n’a ni téléphone portable ni ordinateur ? C’est une forme de mépris pour toute une catégorie de personnes. Notamment les plus âgées et les moins connectées, s’alarme Claudine, parisienne de 76 ans.
Les conséquences de la suppression des tickets de caisse sur les budgets les plus serrés
Le ticket de caisse permettait à beaucoup de consommateurs de pouvoir comparer les prix des articles afin d’adapter leurs dépenses. Si la note est plus élevée que d’habitude, il est pratique de pouvoir savoir avec précision là où ça a pêché à l’arrivée. Et ainsi de mieux ajuster ses achats lors de la prochaine visite. Face à l’augmentation des prix, certains ont dû revoir leurs habitudes. Ils ont ainsi déserté leur supermarché habituel pour trouver une adresse moins chère. « Je garde mes tickets de caisse pour comparer les prix entre les enseignes. Ainsi, je peux faire mon propre calcul sur le taux d’inflation », nous explique Evelyne, qui vit dans les Hauts-de-France. Une comparaison des prix devenue beaucoup plus complexe… Encore
