Les colonies de vacances sont en crise. En effet, le manque d’animateurs qualifiés est devenu un problème récurrent dans ce secteur. Les directeurs de colonies de vacances ont ainsi du mal à trouver des candidats qualifiés pour les postes d’animateurs. Les annonces sur les plateformes d’offres d’emploi se multiplient. Cependant, cela ne suffit plus à recruter. Selon Baptiste, directeur adjoint d’une colonie de vacances, les offres doivent être republiées tous les mois. De plus, les candidats doivent être rappelés une trentaine de fois pour espérer trouver des animateurs qualifiés. Pourtant, la situation de pénurie d’animateurs ne date pas d’hier.
Depuis les années 1990, les colonies de vacances souffrent effectivement d’une chute de fréquentation. Le gouvernement tente de redorer le blason de ce rite, synonyme de grands départs populaires, qui a besoin d’animateurs qualifiés pour fonctionner. Aurore Bergé, la nouvelle ministre des Solidarités et des Familles, a annoncé la création d’un « pass colo » doté de 200 à 350 euros par enfant de 10 et 11 ans. Cependant, cette mesure ne résout pas le problème le plus urgent : les jeunes générations ne sont plus intéressées par le métier d’animateur.
Colonies de vacances : des salaires peu attractifs
Les conditions de travail dans les colonies de vacances sont peu attractives. Les salaires sont très en-dessous du SMIC. Actuellement, la rétribution minimale s’élève à 25,34 euros brut par jour, soit moins du tiers d’un SMIC. Cela explique en grande partie la désaffection pour le métier d’animateur. Selon Baptiste, si l’on considère l’animation comme un métier, c’est très mal payé. Les colonies tournent souvent avec des équipes réduites, faute de personnel. Les directeurs de colonies de vacances redoutent toujours des annulations de séjours pendant l’été en raison du manque d’animateurs.
En outre, les responsabilités sont nombreuses : assurer la sécurité physique des enfants, gérer de potentielles crises, aider aux repas et à la toilette des plus petits. Les animateurs expérimentés sont une denrée rare pour les directeurs de centres. Jeanne, intermittente du spectacle, a récemment renoncé à un séjour pour adolescents en Corse à 30 euros la journée. Elle trouve hallucinant que le salaire soit aussi bas pour l’énorme charge de travail que cela demande.
Un plan de 64 millions d’euros pour revaloriser l’animation des Colonies de vacances
Face à cette situation précaire, le gouvernement a déployé récemment une aide exceptionnelle de 200 euros pour accompagner 27 000 jeunes jusqu’à l’obtention du Bafa. De plus, l’âge minimum d’inscription est passé à 16 ans au lieu de 17 ans. Ces décisions s’inscrivent dans un plan d’action de 64 millions d’euros lancé en février 2022 par Sarah El Haïry, ancienne secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et du Service national universel. Le gouvernement a également annoncé en juillet le doublement de la rémunération minimum des animateurs de colonies de vacances, pour atteindre 50 euros brut par jour à partir du premier semestre 2024. Cyril Gaffet, délégué national chargé des séjours enfants de l’Union française des centres de vacances (UFCV), se réjouit de cette mesure, mais s’inquiète d’une éventuelle répercussion sur les prix des séjours, à la charge des familles.
Les colonies de vacances proposent des contrats d’engagement éducatifs liés au Code de l’éducation. Ce système déroge à la règle du salariat répandu dans les centres de loisirs, d’accueil périscolaire ou extrascolaire. Plusieurs métiers de l’animation se sont professionnalisés au tournant des années 2000 grâce à la création de diplômes spécifiques, mais les colonies de vacances n’ont pas pris cette tangente pour des raisons liées à l’histoire de leur création. Depuis une trentaine d’années, les colonies se sont institutionnalisées avec le financement croissant des collectivités, affaiblissant
