Le versement du salaire à la carte bientôt envisageable en France

Les salariés qui veulent être payés à plusieurs reprises dans le mois se sentent rappelés à l'ordre par les conséquences de l'inflation sur leur pouvoir d'achat et sur la fragmentation du travail.

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Avances sur salaire. Le concept d’avance sur salaire est de plus en plus populaire parmi les travailleurs, tandis que les petites entreprises cherchent des moyens de mieux rémunérer leurs employés. Selon Amaury Lelong, directeur général de PayFit, une entreprise spécialisée dans les solutions RH pour les TPE/PME, de plus en plus de salariés demandent des avances sur salaire. Cela est corroboré par une étude menée en mai 2023 par Ipsos pour PayFit, qui a révélé que 23 % des personnes interrogées ont demandé une avance sur salaire cette année-là. Les jeunes salariés (18-34 ans) sont particulièrement intéressés par cette idée, puisque ce chiffre monte à 36 % pour cette tranche d’âge.

Cependant, il y a des différences entre cette étude et celle menée en février 2022 par OpinionWay pour la fintech Rosaly. Selon cette dernière étude, seulement 11 % des salariés avaient déjà demandé une avance sur salaire, mais 33 % souhaitaient le faire. Cette différence peut s’expliquer par le fait que les salariés ont changé leurs motivations pour demander une avance. En 2022, les salariés cherchaient des avances pour faire face à des factures imprévues, mais en 2023, ils veulent simplement être payés plus tôt.

En outre, même si l’inflation à plus de 5 % préoccupe toujours les salariés, ce n’est pas la seule raison de cette tendance émergente. Les salariés veulent être payés plus rapidement pour pouvoir mieux gérer leur argent et leurs dépenses mensuelles. En fait, près d’un salarié sur dix aimerait pouvoir toucher sa paie quand il le souhaite. Cette tendance peut également aider les petites entreprises à mieux retenir leurs employés en leur offrant des solutions de paiement plus flexibles et plus adaptées à leurs besoins.

Non conforme au Code du travail.

Avec l’évolution rapide du travail fragmenté et de la multiactivité, il est de plus en plus courant d’opter pour des modes de paiement plus flexibles. Une enquête menée par Ipsos pour Payfit révèle que 21% des personnes interrogées souhaitent une meilleure gestion financière, ce qui inclut des options de paiement plus adaptées à leurs besoins.

La pratique de la rémunération flexible à l’anglo-saxonne, telle qu’elle est appliquée en Angleterre ou en Australie, est en train de gagner du terrain. Cependant, il est important de noter que le code du travail est très clair sur le sujet. En effet, l’article L. 3242-1 stipule que « Le paiement de la rémunération est effectué une fois par mois« . De plus, l’avance sur salaire est également encadrée par la loi, qui précise qu’un acompte correspondant à la moitié de la rémunération mensuelle pour une quinzaine est versé au salarié qui en fait la demande.

Il est vrai que la loi protège les salariés en établissant une relation de travail à long terme entre l’employeur et l’employé. Cependant, certains employeurs craignent la complexité administrative qui découlerait du paiement fractionné des salaires. Malgré cela, il est important de souligner que des exceptions existent déjà pour les travailleurs saisonniers, intermittents et intérimaires dont le travail est morcelé. Il est donc possible que le salaire fractionné devienne obligatoire à l’avenir dans certains secteurs ou pour certaines catégories de travailleurs. En tous les cas, il est nécessaire que les employeurs réfléchissent aux avantages et inconvénients de ces modes de paiement flexibles afin de répondre aux besoins de leurs employés tout en respectant la législation en vigueur.