Tickets de caisse terminés : les consommateurs « lésés par cette écologie punitive »

La fin des tickets de caisse : "Les politiques écologiques sont trop strictes en France, ce qui affecte les citoyens.”

© Timothée Talbi

Six ans après le slogan provocant « Make our planet great again » adressé à Donald Trump, le gouvernement français a décidé de supprimer les tickets de caisse à partir du 1er août. Cette mesure peut sembler insignifiante en termes d’impact écologique, mais elle affecte les consommateurs qui ont besoin de ces tickets pour vérifier leurs factures, en particulier les personnes âgées qui ne sont pas enclines à consulter les factures par mail ou SMS. Le papier des tickets de caisse est facilement recyclable et biodégradable. Selon un récent sondage, 80% des personnes âgées de plus de 66 ans conservent leurs tickets de caisse pour leurs achats alimentaires, contre 65% pour les autres. Les consommateurs sont ainsi pénalisés et culpabilisés par cette écologie punitive, tandis que les distributeurs et les fabricants continuent de produire des déchets plastiques non recyclés et non recyclables, malgré une loi antigaspillage.

La présence excessive d’emballages plastiques est un problème évident pour de nombreux Français, avec la poubelle « recyclable » qui est désormais plus grande que la poubelle « organique ». Cependant, 80% à 90% des déchets d’emballages plastiques ne sont pas recyclés et finissent dans les océans, tuant les espèces marines. Les microbilles absorbées par la chaîne alimentaire marine affectent également la santé humaine. La part des emballages plastiques « recyclés » est en réalité un « décyclage », car le plastique finit sous une forme dégradée de revêtements, mousses ou billes. Cette pratique nécessite une noria de « poubelles jaunes », de camions spécifiques, et d’énergie pour le fondre dans les centres de « recyclage ». Cette dépense publique de plusieurs milliards d’euros est supportée par les collectivités locales, l’État et les Français, pour un maigre butin en matière de « recyclage » du plastique.

Tickets de caisse: des résultats décevants

Emmanuel Macron a organisé un sommet international qui a été bien accueilli, mais qui n’a pas mené à une action concrète en raison de différences d’intérêts entre la France, l’Europe, la Chine et les États-Unis. À la fin de l’année, un projet de traité international sera proposé, mais il est loin d’être finalisé, adopté et mis en vigueur. Emmanuel Macron avait pourtant déclaré qu’il n’y avait pas de temps à perdre. Il est possible de prendre des mesures énergiques et susceptibles de résultats probants et rapides pour l’écologie et l’économie au niveau national en supprimant rapidement les trois quarts des déchets plastiques, si l’on tape du poing sur la table avec les fabricants et les distributeurs.

Il faut évaluer le recyclage du plastique, qui est inefficace. Quand seulement 10 à 20 % sont recyclés, on peut même parler d’échec. Il est donc nécessaire d’arrêter la collecte sélective qui complique la vie des Français pour un résultat décevant, abandonner les poubelles jaunes, les camions spécifiques et l’ensemble du soi-disant « recyclage » du plastique. Concrètement, il faut jeter et enfouir le plastique avec les déchets normaux, ce qui ne changera rien pour 80 à 90 % des déchets plastiques dont le recyclage est largement une fiction dans les faits.

Emballages réellement recyclables

Il est possible de faire des économies pour les collectivités territoriales en créant un fonds pour aider l’industrie plasturgique française à se tourner vers des matériaux de substitution réellement recyclables. Ces matériaux sont souvent plus chers, mais peuvent remplacer une partie importante des emballages plastiques actuels si une interdiction de principe du plastique est mise en place. Les consommateurs français sont déjà prêts à des emballages moins flashy mais vraiment recyclables.

En plus de remplacer le plastique par des matériaux réellement recyclables, cette interdiction permettra de développer en France un nouveau secteur industriel à haute valeur ajoutée et à forte capacité d’exportation. Cela forcera l’industrie plasturgique à s’adapter pour lui permettre d’exporter ce savoir-faire des matériaux de substitution recyclables vers le reste du monde.

Il s’agit d’un leadership à prendre en considération pour faire face à la problématique mondiale du plastique. Cette stratégie est extrêmement positive pour notre économie au XXIe siècle et bien plus avantageuse que la conservation d’une situation qui ne durera pas. Tout cela s’inscrit dans une « écologie stratégique » qui combine des matériaux écologiques, le développement d’un secteur industriel d’avenir, et l’association des consommateurs. C’est l’inverse de l’écologie punitive et anti-économique qui est pratiquée actuellement.