Chaque année, le gouvernement français peut revaloriser quatre fois le taux du Livret A : en février, mai, août et novembre. Bien que la rémunération du placement d’épargne préféré des Français aurait pu augmenter à 3,50% le mois prochain, il n’en sera finalement rien.
Dans une discussion avec les journalistes du Parisien, le ministère a expliqué que « seul le gouverneur de la Banque de France peut proposer une révision intermédiaire du Livret A ou du LDDS, et seulement en cas de variation exceptionnelle de l’inflation ou des taux à court terme par rapport à la date de la précédente révision ».
Livret A : Aucune révision en mai
Ici, le gouverneur de la Banque de France n’a pas proposé de révision intermédiaire. Le taux restera donc à 3% net par an, un taux qui est entré en vigueur au 1er février dernier. Bien que les derniers chiffres montrent une nette décélération de l’inflation avec une baisse à 5,6% au mois de mars, les taux interbancaires à court terme, qui sont une composante du calcul de la rémunération du Livret A, ont tendance à monter, atteignant 1,70% sur le dernier semestre.
Avec cette hausse, la formule de calcul devrait théoriquement amener le taux du Livret A à 3,5% net. Toutefois, le gouvernement avait anticipé la remontée brutale des taux en déclarant en janvier dernier qu’il était souhaitable que les mouvements de taux du Livret A restent progressifs plutôt que trop volatils. En une année, ce placement d’épargne est toutefois remonté de 1% à 3% net, ce qui est une bonne nouvelle pour le capital des Français.
Depuis le début de la pandémie, le gouvernement prend ses distances avec la règle de calcul stricte du rendement du Livret A. Bien qu’il aurait dû être négatif au moment où les taux de marché étaient bas, notamment en 2020 et 2021, il pourrait être plus généreux aujourd’hui. Même en février dernier, lorsque celui-ci est passé de 2 à 3%, les épargnants auraient pu s’attendre à un coup de pouce de l’Etat. En se limitant à la seule formule officielle, le taux du Livret A aurait dû être porté à 3,3%.
Quel sera le manque à gagner en un trimestre ?
Les cumuls sur le Livret A et le LDDS ont récemment dépassé 500 milliards d’euros. Si le taux de ces placements passe de 3% à 3,5%, cela augmentera les coûts de 2,5 milliards d’euros pour la Caisse des dépôts et Consignations ainsi que pour les banques. En une année, le taux est passé de 1% à 3%, ce qui a déjà causé un surcoût de 10 milliards d’euros pour ces dernières, affectant ainsi le financement de l’économie.
Les fonds placés sur ces deux livrets d’épargne réglementés par l’État sont utilisés directement pour le financement du logement social et de la politique de la ville. Ils pourraient également être utilisés pour financer le programme nucléaire français et soutenir le mix énergétique local.
En tant que titulaire d’un Livret A, devrait-on s’inquiéter du manque à gagner ? En réalité, l’augmentation de 0,5% n’aurait pas eu un impact significatif à court terme. Par exemple, sur un livret de 2 000 euros, le manque à gagner pour le deuxième trimestre de l’année serait de 2,50 euros (2 000 x 0,5% x 3/12). Les épargnants ayant rempli leur Livret A, atteignant le plafond de 22 950 euros, auraient un manque à gagner de 29 euros sur un trimestre.
La décision du gouvernement sur la revalorisation du taux du Livret A sera annoncée en août, une échéance plus traditionnelle.
