Congés payés : est-ce que la décision du Conseil constitutionnel du 8 février 2024 est une victoire à la Pyrrhus ?

Le Conseil constitutionnel a approuvé l'interdiction d'accumuler les congés payés en arrêt maladie, malgré le conflit avec le droit de l'UE, nécessitant une intervention législative.

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Dans cette instance particulière, le Conseil, s’appuyant fermement sur la loi de 1946, a pris une décision très précise et détaillée concernant les absences du travailleur. Il a déterminé de manière très claire que seules les absences qui sont dues à un accident du travail ou à une maladie directement liée à l’activité professionnelle peuvent être considérées comme du temps de travail effectif.

Il a été clairement indiqué, en termes non équivoques, qu’il ne faut pas étendre cette considération aux absences pour cause de maladie non professionnelle. Il a été souligné que une telle extension pourrait avoir des implications complexes et étendues qui pourraient être difficiles à gérer. En complément à cela, il a été suggéré qu’il pourrait être possible de limiter cette mesure à une durée d’un an sans interruption, fournissant ainsi une certaine flexibilité et une certaine marge de manoeuvre. Par conséquent, l’argument concernant le droit à la santé et au repos a été soigneusement examiné, analysé en détail puis finalement rejeté après mûre réflexion.

En ce qui concerne la deuxième question, le Conseil constitutionnel a fait une distinction nette et précise entre la maladie professionnelle et l’accident du travail et les autres maladies ou accidents. Il a souligné que les premiers sont directement liés au travail et découlent des conditions de travail souvent difficiles et stressantes.

En conséquence, selon la loi, le législateur a le pouvoir d’établir des règles différentes pour les droits à congé payé pour les travailleurs en arrêt maladie. Cette différenciation est basée sur la raison pour laquelle leur contrat de travail est suspendu. Par conséquent, l’argument concernant le principe d’égalité a également été soumis à un examen approfondi, pris en considération avec beaucoup d’attention avant d’être finalement rejeté.

Quelle était l’opinion des patrons sur la loi française sur l’accumulation de congés payés pendant les arrêts maladie ?

À l’heure actuelle, la réponse à la question posée reste assez floue, principalement en raison du fait que nous n’attendons toujours pas tous les documents nécessaires qui nous permettraient de mener une analyse plus approfondie et détaillée.

Pourtant, plusieurs arguments et points de vue ont été mis en avant, tous concentrés autour de la philosophie intrinsèque au concept de vacances payées et des impacts économiques potentiels que de tels changements pourraient entraîner.

Afin de comprendre les subtilités et les différences entre la législation française et celle de l’Union européenne en matière de droit aux vacances payées, il est absolument essentiel d’examiner les principes fondamentaux qui sous-tendent ce droit. Dans le contexte européen, ce droit est construit autour de la notion de nécessité de repos et de loisirs, comme indiqué dans cette source. Par contre, en France, ce droit est basé exclusivement sur la nécessité de repos. Ainsi, les vacances payées sont perçues davantage comme une récompense pour le travail accompli tout au long de l’année.

Dans cette perspective, si une personne ne travaille pas pour une raison ou une autre, comme une maladie, il semblerait logique qu’elle n’acquière pas de droits à des vacances payées au cours de cette période. Il existe un argument selon lequel le repos accordé pendant un arrêt maladie offre déjà une opportunité pour les loisirs. Par conséquent, accumuler des droits à des vacances payées pendant un arrêt maladie pourrait être perçu comme bénéficier deux fois de la même période de repos.

Il ne fait aucun doute que les chefs d’entreprise ont exprimé leurs préoccupations quant au coût qu’un tel changement législatif pourrait entraîner. Il est estimé que cela pourrait coûter plus de 2 milliards d’euros par an aux entreprises. Ce coût pourrait être beaucoup plus élevé en fonction des règles spécifiques qui seraient établies par les juges ou les législateurs. En outre, ce coût supplémentaire pourrait potentiellement affaiblir encore plus certains secteurs d’activité déjà en difficulté, comme la santé, la construction et le nettoyage. Ces impacts financiers pourraient avoir des conséquences significatives sur la santé économique globale de l’entreprise et du pays.

Quelle est la réponse des syndicats, y compris la CGT, à la décision du Conseil constitutionnel et à son effet sur les droits des travailleurs ?

La réaction des syndicats face à cette décision semble être globalement déçue, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas pleinement satisfaits de l’issue. Cependant, jusqu’à maintenant, il n’y a pas eu une multitude de réactions exprimées publiquement, ce qui peut être perçu comme une certaine réticence à prendre publiquement position ou peut-être simplement comme une réflexion en cours sur les implications plus profondes de cette décision.

Parmi les syndicats, la CGT, qui est un acteur majeur et influent sur la scène syndicale française, a rapidement fait entendre sa voix. Ils ont immédiatement réagi le jour même de l’annonce de la décision en publiant une déclaration intitulée « Conseil constitutionnel et congés payés : une défaite qui ne gâche pas une victoire ». Dans ce communiqué, ils ont exprimé leur sentiment en déclarant que « même si la décision d’aujourd’hui n’est pas exactement ce que nous espérions, les parties du Code du travail que nous avons contestées ont été supprimées ».

Cette déclaration, en plus de montrer leur déception, reflète également leur détermination inébranlable. Ils ne voient pas cela comme une défaite finale, mais plutôt comme une étape dans un combat plus large et plus long pour les droits des travailleurs. C’est une position qui témoigne de leur engagement indéfectible et à long terme en faveur de l’amélioration des conditions de travail et de la protection des droits des travailleurs. De toute évidence, ils sont prêts à continuer à se battre pour ce qu’ils croient être juste.