Pénurie de carburant : combien de temps faut-il patienter pour un retour à la normale ? Les explications

Le gouvernement passe la vitesse supérieure en lançant la réquisition des personnels des dépôts.

© PASCAL BONNIERE

La crise du carburant impacte la vie de nombreux Français et devient intenable. Alors, le gouvernement a pris la décision de lancer des réquisitions des personnels des dépôts Esso-ExxonMobile pour enfin améliorer le contexte et donc relancer l’approvisionnement des stations-services. Une bonne nouvelle, mais la démarche ne peut pas se réaliser aussi vite que voulu.

Pénurie de carburant : combien de temps la crise va-t-elle durer ?

Ce mardi 11 octobre, l’État a annoncé la réquisition des personnels nécessaires pour faire fonctionner les dépôts de carburant de l’entreprise Esso-ExxonMobil. Cela concerne les raffineries de Gravenchon-Port-Jérôme, en Seine-Maritime, et de Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône.

Des réquisitions immédiates pour le personnel des dépôts ?

Le but de ces réquisitions est de débloquer les stocks de carburant et de recommencer les livraisons. Cette démarche est un pouvoir qui appartient aux préfets et qui est prévue par la loi. En effet, cette décision peut être prise quand la situation dégénère et bouscule l’ordre des choses. La préfecture ne va réquisitionner que certains employés du site, car la grève est un droit à respecter. D’ailleurs, d’autres précédentes décisions ont permis des jurisprudences et indiquent qu’il est obligatoire d’avoir un service minimum.

Donc, seuls les salariés du dépôt de carburant vont reprendre le chemin du travail et non le personnel de la raffinerie. Si ces derniers refusent, ils encourent jusqu’à six mois de prison et 10 000 euros d’amende. Ça laisse à réfléchir ! Quand l’arrêté sera acté et signé, le personnel concerné va recevoir des notifications pour une reprise du travail, aux horaires nécessaires pour la production. Ainsi, cela peut aller très vite, mais il y aura quand même plusieurs jours pour que les stations à sec refassent le plein de carburant.

« Plusieurs jours » suffiront pour régler la pénurie du carburant ?

En tout cas, quand les arrêtés préfectoraux de réquisition seront publiés, en quelques heures seulement, les expéditions de carburant peuvent reprendre. Les salariés en question sont ceux qui ont la mission d’ouvrir les vannes et ils sont donc essentiels pour charger les camions-citernes. Les stocks de carburant sont pleins dans les cuves des dépôts Esso-ExxonMobil de Gravenchon-Port-Jérôme et Fos-sur-Mer. En effet, les cuves conservent plusieurs semaines de production.

Ce carburant va donc nourrir les différentes stations du groupe et notamment dans le nord de la France, en Normandie et en Ile-de-France où le contexte est particulièrement délicat. Même si c’est une bonne démarche, selon Eric Layly, le président de la Fédération française des combustibles, qui était sur franceinfo, cela « ne va pas révolutionner la situation« .

Il indique que « deux à trois jours » seront nécessaires pour le contexte s’améliore véritablement et « uniquement à proximité » des dépôts ciblés. De plus, il explique aussi que quand la grève sera finie, il faudra « une dizaine de jours » pour un service normal. 

Des négociations en cours…

En attendant, tout va se jouer avec les négociations chez Esso-ExxoMobil et chez TotalEnergies. Ce dernier n’est pas encore concerné par les réquisitions. Les choses avancent, car la société américaine vient de valider un accord avec la CFDT et la CGE-CGC, pour 58% des employés français. Ils vont recevoir une hausse de salaire de 6,5%. Une prime de 3 000 euros ainsi qu’une prime de mobilité de 750 euros. Comme la CGT et FO n’arrivent pas à se mettre d’accord, ils continuent la grève, d’où les réquisitions. En effet, la situation reste bloquée, car la direction juge qu’elle a déjà assez négocié.

Chez TotalEnergies, les portes s’ouvrent un peu. La direction va rencontrer tous les syndicats et les grévistes. La CGT va présenter des demandes bien précises. Cependant, le fournisseur de carburant  ne veut pas rentrer dans les détails de fond avant les négociations annuelles obligatoires. La CGT demande une hausse de salaire de 10% en dehors des primes. Pour le moment, l’entreprise n’a pas fait de réelles propositions. Affaire à suivre !