Retraites : la proposition de loi abrogeant l’âge légal à 64 ans retirée

La proposition de loi des députés du groupe Liot abrogeant la retraite à 64 ans a été retirée à l'Assemblée nationale.

© AFP

Le groupe des députés Liot a retiré son texte après une séance animée où les partis d’opposition ont accusé le camp présidentiel de « déni de démocratie ». Bien que la proposition visant à abroger la réforme des retraites ait été soutenue par les opposants, elle avait été vidée de sa mesure principale par la majorité. Bertrand Pancher, le chef du groupe, a expliqué que le texte ne contenait plus que les amendements de la minorité présidentielle et que, en tant que responsables, ils ont choisi de le retirer. Les débats ont duré plus de deux heures sans vote et le chef du groupe a déclaré, dépité, « Nous n’allons pas poursuivre le débat ».

La présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, a bloqué l’examen de la mesure d’abrogation car elle est coûteuse. Charles de Courson (groupe Liot) a averti que cela pourrait réduire l’intérêt pour nos institutions et causer de la colère et de la violence. Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a qualifié la proposition du groupe de « presque nihiliste » et « vide ». Les partisans du texte ont été critiqués pour leur absence de projet alternatif commun.

Dans une réunion animée, Yaël Braun-Pivet a été rappelée à l’ordre. André Chassaigne a déclaré fermement : « Vous endommagez la démocratie parlementaire ». Éric Coquerel a souligné « des décisions partisanes sur ordre de l’exécutif ». Éric Woerth a répondu que « le désordre constitutionnel voulu par Liot et LFI est la véritable atteinte à la démocratie ». Marine Le Pen a également défendu le texte en accusant : « Vous avez peur du peuple » et « votre réforme des retraites est illégitime ». « Nous sommes confrontés aujourd’hui à une rupture démocratique majeure », a conclu Marine Le Pen.

Yaël Braun-Pivet, membre macroniste, a expliqué que son rôle était de se concentrer sur la Constitution. La mesure de revenir à l’âge de départ à la retraite légal de 62 ans avait été rejetée en commission, mais réintroduite par le biais d’amendements. La gauche et les membres de Liot espéraient renverser la situation, mais Bertrand Pancher, chef de file des députés Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (Liot), a brandi une Constitution pour accuser la majorité d’ignorer la colère exprimée par les députés. De son côté, Mathilde Panot, chef de file des Insoumis, a annoncé une motion de censure contre le gouvernement, qui doit encore être débattue au sein de la Nupes. Le groupe RN envisage également une telle motion.

Les partisans d’Emmanuel Macron ont exprimé leur inquiétude quant au signal politique qu’une victoire de l’opposition aurait envoyé, mais la proposition d’abrogation avait peu de chances de réussir à l’Assemblée nationale. L’exécutif espère tourner la page des retraites après la séquence parlementaire qui s’est achevée deux jours après la journée de mobilisation sociale la plus faible enregistrée en cinq mois de manifestations. Les députés ont observé une minute de silence en mémoire des cinq blessés, dont quatre enfants, de l’attaque au couteau à Annecy. La présidente des députés Renaissance, Aurore Bergé, a critiqué la « bataille de chiffonniers » dans l’hémicycle, la jugeant « en total décalage par rapport à l’effroi » dans le pays.