Pourquoi du saucisson est-il encore servi à la cantine, malgré les recommandations contre sa consommation par les jeunes enfants ?

Malgré les conseils sanitaires, la consommation de saucisson de viandes crues et de fromages au lait cru persiste dans les menus des cantines pour les jeunes.

© Graziella de Sortiraparis

Il est parfois observé que les gens ont une préférence marquée pour la nourriture locale, au détriment de l’adoption de conseils de santé. Un exemple parfait est Bordeaux, où il n’est pas rare de voir du saucisson servi régulièrement aux enfants. Sylvie Schmitt, qui fait partie du personnel de la mairie de Bordeaux, confirme que les enfants sont particulièrement friands de ce plat. Cette pratique n’est pas limitée à Bordeaux, des villes comme Clermont-Ferrand et Montpellier suivent également cette tendance.

Malgré le fait que Bordeaux et de nombreux autres endroits aient pris la décision d’arrêter de distribuer aux enfants du fromage fabriqué à partir de lait non pasteurisé, il existe encore certaines petites villes qui continuent d’adopter ce comportement.

Cependant, l’organisation Santé publique France est en désaccord avec cette approche. Selon eux, les enfants ne devraient pas consommer de saucisson de viande crue ou de fromage fabriqué à partir de lait non pasteurisé, à l’exception de certains fromages spécifiques comme le gruyère ou le comté. Ils insistent sur le fait que cette recommandation est particulièrement cruciale pour les enfants de moins de 5 ans, bien qu’il soit conseillé de rester vigilant jusqu’à 10 ans, même si le risque diminue sensiblement après l’âge de 5 ans.

Un risque petit mais mortel

Même en prenant toutes les précautions nécessaires pour garantir la sécurité, il est malheureusement possible que le lait contienne des bactéries potentiellement dangereuses, y compris des bactéries telles que Salmonella, Listeria et Escherichia coli. Ces bactéries nuisibles ont tendance à provenir du système digestif des animaux qui produisent le lait.

Le Dr Sandra Brancato, une pédiatre respectée et experte en maladies infectieuses pédiatriques, recommande vivement d’éviter la consommation de produits laitiers non pasteurisés, en particulier pour les enfants dans les établissements scolaires. Elle souligne que l’infection digestive résultante de l’ingestion de ces bactéries peut entraîner une maladie grave et potentiellement mortelle connue sous le nom de syndrome hémolytique et urémique (SHU).

Le syndrome hémolytique et urémique est une condition médicale sérieuse qui peut provoquer une série de complications de santé préoccupantes, allant de problèmes rénaux sévères à l’anémie. Dans des cas extrêmes et particulièrement tragiques, cela peut même entraîner la mort de l’individu affecté. Par conséquent, la question de la sécurité des produits laitiers non pasteurisés devrait être une préoccupation majeure pour tous, pas seulement pour les parents et les éducateurs.

Saucisson : « Mieux ne pas donner à aucun enfant »

La bactérie Escherichia coli, plus connue sous le nom de E. coli, bien que souvent considérée comme inoffensive pour les adultes, peut provoquer des troubles digestifs potentiellement graves chez les enfants. Cette bactérie est particulièrement problématique car elle peut être présente dans divers aliments, et plus spécifiquement dans les produits laitiers non pasteurisés. C’est un sujet sur lequel Dr. Brancato, un éminent expert en santé publique, tient à mettre en garde. Il déconseille fortement de donner des produits laitiers crus aux enfants en raison du risque associé à cette bactérie.

En France, la préoccupation autour de cette question est particulièrement élevée. Chaque année, on estime qu’environ 160 enfants sont touchés par le Syndrome Hémolytique et Urémique (SHU), une maladie rare mais potentiellement grave causée par l’infection à E. coli. Bien que le nombre de cas rapportés chaque année puisse sembler relativement faible, la gravité potentielle de cette maladie ne doit pas être sous-estimée. En effet, le SHU peut avoir un impact sérieux et durable sur la santé de l’enfant, allant jusqu’à causer des lésions rénales permanentes. Il est donc essentiel de prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir l’infection par E. coli, en particulier chez les enfants, qui sont les plus vulnérables. C’est pourquoi il est essentiel de surveiller de près la qualité des aliments que nous donnons à nos enfants et de privilégier, autant que possible, les produits pasteurisés.

Un problème d’information

Sylvie Schmitt, une adjointe administrative dévouée et engagée, a récemment soulevé une question perturbatrice et préoccupante concernant la consommation de charcuterie crue, en particulier le saucisson, dans les établissements scolaires français. Actuellement, une procédure de contrôle rigoureuse et stricte est mise en place où les échantillons de nourriture sont systématiquement prélevés et testés à chaque repas. Cependant, ces échantillons ne sont soumis à une analyse approfondie et détaillée que si un cas de maladie est signalé parmi les élèves.

Au cours de l’année tumultueuse de 2022, on a dénombré pas moins de 178 cas graves de toxi-infection alimentaire dans les cantines scolaires en France, un chiffre alarmant et inquiétant. Le Dr. Brancato, un expert renommé en santé publique et un fervent défenseur de la sécurité alimentaire, estime que les règles et régulations actuelles régissant l’hygiène alimentaire dans ces établissements ne sont pas suffisamment à jour et nécessitent une révision urgente et immédiate pour garantir la sécurité des élèves.

En cas d’incident, les familles sont informées rapidement et sont appelées à assumer leurs responsabilités. Cependant, si une école fournit ces produits (en l’occurrence le saucisson) et qu’un enfant tombe malade, l’établissement pourrait être tenu pour responsable. C’est une question délicate et complexe qui nécessite une attention particulière et une approche prudente.

Le Dr. Brancato a également exprimé son avis éclairé sur la question. Selon lui, même si ce n’est pas explicitement exigé par la loi, les écoles devraient éviter de servir des produits crus afin de minimiser tout risque potentiel pour la santé des élèves. Bien que cette mesure puisse susciter l’opposition des producteurs de charcuterie, qui sont une partie importante de l’économie alimentaire française, elle estime qu’il est impératif de ne pas « jouer avec le feu » quand il s’agit de la santé et du bien-être des enfants.