Retraite complémentaire : bientôt la fin du malus de 10% ? On fait le point

Pendant les trois années qui suivent la fin de la carrière, le montant de la retraite complémentaire sera diminué de 10 %.

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Retraite complémentaire en France, les employés du secteur privé reçoivent deux types de pension : la pension de base de la CNAV et la pension complémentaire administrée par l’Agirc-Arrco. Pour bénéficier d’une pension à taux plein pour la pension de base, ils doivent atteindre l’âge de départ à la retraite légal.

Cependant, pour la pension complémentaire, une réduction de 10% est appliquée pour les trois premières années. Mais il est possible d’éviter cette pénalité en acceptant de travailler une année de plus après l’âge légal de départ à la retraite. Cette pratique est actuellement fortement critiquée et devrait être supprimée avec l’arrivée de la réforme à l’automne 2023.

Toutefois, il est important que les employeurs et les syndicats parviennent à trouver un accord sur ce sujet. Nous ferons le point immédiatement.

Comprendre le malus de la retraite complémentaire

Le système de retraite en France est compliqué, avec des règles subtiles que les travailleurs ne connaissent souvent pas avant la fin de leur carrière. Voici quelques rappels pour clarifier les choses :

  • L’âge légal est l’âge minimum pour partir en retraite (actuellement 62 ans). Il y a des exceptions pour les carrières longues.
  • La retraite à taux plein concerne les travailleurs ayant dépassé l’âge légal et ayant cotisé suffisamment de trimestres (en fonction de leur année de naissance). Sinon, le retraité n’a pas droit à une pension à 100%.

Enfin, le malus temporaire signifie que l’Agirc-Arrco applique une décote de 10% sur la retraite complémentaire. Même si vous avez atteint l’âge légal et cotisé suffisamment de trimestres, vous recevrez 10% de moins sur votre retraite complémentaire pendant plusieurs années. Dans tous les cas, cette décote prend fin lorsque vous fêtez votre 67ᵉ anniversaire.

Exemple concret

Prenons l’exemple de Caroline, née en janvier 1961, pour comprendre comment fonctionne le système :

  • Caroline peut prendre sa retraite à partir de 62 ans. Pour une pension à taux plein, elle doit travailler 42 ans et avoir cotisé 168 trimestres.
  • Si elle a commencé à travailler à 23 ans et n’a jamais arrêté, elle doit travailler jusqu’à 65 ans pour avoir une retraite à taux plein (23 + 42 = 65).
  • Caroline peut s’attendre à recevoir une pension de base de 1 000 euros, plus une pension complémentaire de 500 euros. Elle ne pourra pas recevoir tout de suite l’intégralité de sa pension Agirc-Arrco. Elle a deux options :
    • Elle peut arrêter de travailler à 65 ans et recevoir une pension complémentaire de 450 euros par mois pendant deux ans, puis 500 euros par mois jusqu’à ses 67 ans, avec une décote de 10 %.
    • Elle peut repousser son départ à la retraite à 66 ans pour recevoir tous ses droits sans décote (500 euros).

Pourquoi supprimer le malus ?

Depuis janvier 2023, le gouvernement a proposé cette réforme qui a suscité de nombreux débats et une forte mobilisation des élus, des syndicats et des citoyens. Bien que l’État ne gère pas ce système de pension, qui est entre les mains de l’Agirc-Arrco et des partenaires sociaux, certains demandent que la décote appliquée à la retraite complémentaire soit supprimée avec cette réforme. Les syndicats des salariés et les organisations patronales sont les acteurs qui pilotent le dispositif qui verse des pensions à 13 millions de retraités.

Cependant, deux arguments s’opposent à la décote qui pèse sur la retraite complémentaire : la réforme a déjà pour effet de repousser l’âge de départ de 2 ans, ce qui signifie que les travailleurs en fin de carrière devront déjà travailler plus longtemps qu’auparavant.

De plus, selon les résultats de l’Agirc-Arrco, le malus de 10 % ne permet pas vraiment d’obtenir des économies significatives. Ainsi, le système en charge de la retraite complémentaire peut s’en passer sans perdre en rentabilité.

Discussions sur la retraite complémentaire sont bloquées entre syndicats et patronat

L’accord national interprofessionnel de la retraite complémentaire devait être renouvelé en janvier dernier pour la période de 2019 à 2022. Mais avec la réforme des retraites adoptée récemment, les discussions ont été reportées. Malheureusement, six mois sont passés depuis la présentation de la réforme et les partenaires sociaux ont encore du mal à trouver un terrain d’entente.

Les syndicats et le patronat devaient reprendre les négociations en juin mais rien n’a encore pu commencer. Le Medef ne semble pas prêt à s’engager sur l’avenir du malus touchant la retraite complémentaire.

La CGT souhaite quant à elle poursuivre la réforme des retraites. D’autres regrettent les accusations mutuelles et l’avancée des délais. Michel Beaugas de Force ouvrière craint ainsi que les discussions soient reportées jusqu’en septembre 2023.

Retraite complémentaire : date de la négociation inconnue

Le patronat et les syndicats sont d’accord pour supprimer le malus de 10% de la retraite complémentaire, mais on ne sait pas encore si le bonus pourra rester sans malus. La date à laquelle les partenaires sociaux pourront s’accorder reste incertaine.

Des échanges informels auront lieu en début de semaine et à la fin du mois de juin pour prévoir des discussions plus officielles en septembre. Ces discussions doivent aboutir à un nouvel accord national interprofessionnel après l’entrée en vigueur de la réforme des retraites.