Retraites : si votre emploi est pénible, voici ce que prévoit la réforme

Est-ce que la pénibilité doit-elle être prise en compte ? On vous donne les détails et les frictions dans les débats.

© PQR/Voix du Nord/Thomas Lo Presti

La réforme des retraites est un sujet délicat de longue date soulevé par Emmanuel Macon. Le gouvernement passe à l’action pour 2023 et précise les éléments du dispositif ce mardi 10 janvier. La pénibilité du travail fait partie des points de débat avec la CFDT. Est-ce qu’elle doit être étudiée de manière individuelle ou collective ? Telle est la question…

Réforme des retraites : quelles prises en compte pour les emplois pénibles ?

La réforme des retraites n’est pas vue d’un bon œil par tout le monde. Par exemple, les syndicats sont contre le recul de l’âge légal à 64 ou 65 ans. De plus, ils coincent aussi sur la notion de pénibilité. Voici les explications sur le sujet.

1. Est-ce que la pénibilité est prise en compte dans la nouvelle réforme des retraites ?

Le compte professionnel de prévention (C2P) est mis en place depuis 2015. Il s’agit pour les entreprises de préciser plusieurs choses au niveau des conditions de travail de leurs employés. Il y a six critères dont les heures de nuit, le 3×8 et les températures extrêmes… En 2019, 764 000 personnes en activité faisaient partie de ces critères de pénibilité. Ainsi, ces personnes cumulent des points supplémentaires leur permettant, le cas échéant, de partir plus tôt à la retraite. Ils peuvent partir jusqu’à 24 mois avant la date légale. Hélas, pour le moment, c’est un peu une utopie. En effet, seulement 2 200 individus ont pu utiliser ces points en 2019. Qu’en est-il de la nouvelle réforme des retraites ?

2. Un point de désaccord dans la réforme des retraites ?

La notion de pénibilité pose des soucis entre la CFDT et le Medef. Pour information, en 2017, quatre critères importants ont été supprimés alors qu’avant, ils étaient pris en compte dans le C2P. On peut citer notamment la manutention de charges, les postures difficiles et les vibrations mécaniques. Ces critères étaient complexes à mesurer​, se défend le Medef. La CFDT, quant à elle, souhaite que ces éléments soient réintégrés dans la réforme des retraites : Ils doivent donner droit à des départs anticipés.

3. Quels sont les projets de l’État ?

Le ministre du Travail a été contacté par les équipes d’Ouest-France. Ce dernier envisage de laisser la responsabilité aux médecins. En effet, le gouvernement propose qu’une visite médicale valide ou non l’intégration des facteurs. ​Les patrons ont le même avis. Sans cet avis médical, l’exercice de certains métiers entraînerait automatiquement le droit à une retraite anticipée​, explique Eric Chevée, de la CPME. Cela serait très coûteux et on recréerait des régimes spéciaux.

​La CPME estime qu’il est préférable de suivre les salariés de manière plus assidue : En cas d’usure professionnelle affectant la santé, un départ anticipé serait possible, continue Eric Chevée. À savoir, depuis 2010, certains employés sont reconnus par la sécurité sociale comme étant dans une « incapacité permanente ». S’ils ont un taux d’au moins 10 % d’incapacité après une maladie professionnelle, ce sont des cas particuliers. Ainsi, ils ont le droit à la retraite à taux plein à 60 ans. Pourtant, seulement 3 500 individus ont pu en profiter en 2017.

4. La CFDT souhaite un départ plus tôt ?

En d’autres termes, il y a deux clans sur la pénibilité de la réforme des retraites. D’un côté, les patrons et le gouvernement Macron qui souhaitent une démarche individuelle de la pénibilité. De l’autre côté, la CFDT qui penche plus pour un dispositif collectif et plus préventif. Avec la réforme, les peintres en bâtiment, par exemple, seront exposés deux à trois ans de plus à la pénibilité, ​expliquait avec regret Yvan Ricordeau, un négociateur de la CFDT, mi-décembre. On demande qu’ils puissent partir plus tôt.